lundi 22 septembre 2014

Le tour du livre en quatre-vingt quatrième (1)


On l’a déjà laissé entendre ici, la quatrième de couverture est un genre littéraire à part. Techniquement, ce n’est pas le dos, le dos étant l’épine dorsale du livre, là où sont inscrits titre du livre et noms de l’auteur et de l’éditeur (qui se lisent de haut en bas, à la différence des pays anglo-saxons, entre autres, où on les lit de bas en haut – il y aurait toute une étude à faire sur cette différence d’axe qui engendre des postures inverses, la tête penchant à gauche ou à droite selon les contrées…).
 
Mais l’on parle néanmoins de dos : on va lire ce qui est écrit au dos. On dit aussi « derrière », comme si le livre possédait un postérieur plus loquace que son visage, ce qui est souvent le cas, d'ailleurs. C’est là que figurent les quelques lignes censées présenter/vanter l’article que le chaland a en main. C’est dire combien sa rédaction est importante et obéit en principe à des critères économiques. Mais chaque éditeur (et chaque auteur) est libre d’en faire, bien sûr, ce qu’il veut :
1/ ne rien écrire ;
2/ écrire juste une ligne d’accroche, ou une ligne tout court (style éd. Alinéa) ;
3/ proposer un résumé, voire des pistes de lecture (dans le style des synthèses ardentes made in Actes Sud) ;
4/ louer l’ouvrage, etc, chacune de ses options étant compatible et combinable avec les autres.
 
Qui écrit la quatrième ? Souvent l’éditeur, avec l’accord de l’auteur ; parfois un(e) assistant(e) d’édition, là encore supervisé(e) par l’éditeur/l’auteur. Tous ses allers-retours entre intervenants font de la quatrième une œuvre globalement collective, nécessairement bâtarde.
 
Certaines quatrièmes détonnent, étonnent, font bondir, hurler de rire. Le Clavier cannibale se propose d’en faire le tour en quatre-vingt exemples. Aujourd’hui, nous commencerons par celui de Ben-Hur dans la collection Marabout. C’est un quatrième de deuxième génération, c’est-à-dire qu’il est en charge d’un livre déjà paru, donc ayant déjà un passif, un livre connu qu’il n’est pas nécessaire de présenter de façon détaillée. Ici, l’argument est le succès – le succès est l’argument. Imparable.
« Pourquoi « Ben-Hur » a-t-il été tiré à près de 4 000 000 d’exemplaires ? Comment se fait-il que pratiquement il ait été traduit dans toutes les langues et que cette œuvre connaisse un succès vraiment mondial ? »
Pas mieux.


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