On l’a déjà laissé entendre ici, la quatrième
de couverture est un genre littéraire à part. Techniquement, ce n’est pas le
dos, le dos étant l’épine dorsale du livre, là où sont inscrits titre du livre
et noms de l’auteur et de l’éditeur (qui se lisent de haut en bas, à la
différence des pays anglo-saxons, entre autres, où on les lit de bas en haut –
il y aurait toute une étude à faire sur cette différence d’axe qui engendre des
postures inverses, la tête penchant à gauche ou à droite selon les contrées…).
Mais l’on parle néanmoins de dos : on va lire ce qui est écrit au dos. On
dit aussi « derrière », comme si le livre possédait un postérieur
plus loquace que son visage, ce qui est souvent le cas, d'ailleurs. C’est là que figurent les quelques lignes censées
présenter/vanter l’article que le chaland a en main. C’est dire combien sa rédaction est importante et obéit en principe à des critères économiques. Mais
chaque éditeur (et chaque auteur) est libre d’en faire, bien sûr, ce qu’il
veut :
1/ ne rien écrire ;
2/ écrire juste une ligne d’accroche, ou une ligne tout court (style éd. Alinéa) ;
3/ proposer un résumé, voire des
pistes de lecture (dans le style des synthèses ardentes made in Actes Sud) ;
4/ louer l’ouvrage, etc, chacune de
ses options étant compatible et combinable avec les autres.
Qui écrit la
quatrième ? Souvent l’éditeur, avec l’accord de l’auteur ; parfois
un(e) assistant(e) d’édition, là encore supervisé(e) par l’éditeur/l’auteur.
Tous ses allers-retours entre intervenants font de la quatrième une œuvre
globalement collective, nécessairement bâtarde.
Certaines quatrièmes détonnent,
étonnent, font bondir, hurler de rire. Le Clavier cannibale se
propose d’en faire le tour en quatre-vingt exemples. Aujourd’hui, nous commencerons
par celui de Ben-Hur dans la
collection Marabout. C’est un quatrième de deuxième génération, c’est-à-dire
qu’il est en charge d’un livre déjà paru, donc ayant déjà un passif, un livre
connu qu’il n’est pas nécessaire de présenter de façon détaillée. Ici,
l’argument est le succès – le succès est l’argument. Imparable.
« Pourquoi « Ben-Hur » a-t-il été tiré à près de 4 000 000 d’exemplaires ? Comment se fait-il que pratiquement il ait été traduit dans toutes les langues et que cette œuvre connaisse un succès vraiment mondial ? »
Pas mieux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire