Affichage des articles dont le libellé est Las Vegas. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Las Vegas. Afficher tous les articles

mardi 3 octobre 2017

Daech, Las Vegas et le pari pascalien

Au-delà du drame humain, à moins que ce ne soit en son épicentre même, le mobile de l’homme qui a tiré sur la foule à Las Vegas semble fonctionner comme piège en tenaille. D’un côté, Daech, qui en réclame la paternité. De l’autre, deux camps : ceux qui « aimeraient » que Daech ait piloté ce massacre, car cela alimenterait leur moulin islamophobe, et ceux qui « prient » pour que Daech n’y soit pour rien – parce qu’ils savent qu’il n’est pas besoin d’être terroriste pour tuer, qu’il suffit d’avoir des armes et d’être fêlé. Etrange situation où les uns appellent de tous leurs fantasmes la confirmation de leurs peurs, ne laissant aux autres qu’une option : se rassurer en se disant que la folie humaine n’a pas besoin d’avoir la guerre sainte comme objectif pour presser sur la détente.

Bref, une sorte de pari pascalien made in Las Vegas. La roulette du cauchemar. Si je parie que Daech existe (derrière le massacre de Las Vegas), et si Daech existe vraiment (derrière le massacre de Las Vegas), alors j’ai gagné – mais quoi ? la preuve que mes peurs sont fondées? que seul Daech peut être le créateur de ce nouveau monde? Si Daech n’existe pas (derrière le massacre de Las Vegas), mais que j’ai parié sur son existence, alors je ne perds rien – car entretemps, bien sûr, la rumeur du contraire s’est répandue et rien ne l’effacera. En revanche, si je parie que Daech n’existe pas (derrière le massacre de Las Vegas), et que Daech en fait existe (derrière le massacre de Las Vegas), alors je perds gros : je serai désigné comme naïf ou aveugle, voire pire. Mais si je parie que Daech n’existe pas (derrière le massacre de Las Vegas) et qu’il est prouvé que Daech n’existe pas (derrière le massacre de Las Vegas), alors je gagne – mais quoi ? Le droit de penser que l’homme est assez fou pour agir follement sans obéir aux consignes d’autres fous ?

"Il faut nécessairement choisir", écrivait Pascal. Pas si sûr. Car dans les deux cas, hélas, il y a fort à parier que nous soyons enfermés en enfer pour l’éternité…

vendredi 27 novembre 2015

Toi aussi crois au Believer (et il croîtra pour toi)

Le Believer version française made in Inculte numéro 6 vient de sortir, après quelques sombres mois d'abstinence éditoriale, et c'est peu de dire qu'on est fier de son brillant sommaire. Cette fois-ci, Le "french" Believer regroupe des textes parus dans l'édition américaine ainsi que des textes d'auteurs français, preuve qu'un peu de bâtardise ne nuit en rien à l'élan des lettres. Dans ce numéro 6, vous aurez de quoi rassasier votre féroce appétit:

• Une épatante enquête sur Buzz Martin, le "bûcheron chantant", dans lequel il est fait mention de sa bouleversante ode aux camions-bennes ("Dump Truck Drivers"), de sa rencontre avec Johnny Cash et de la plaie ouverte à son crâne qui signa l'arrêt brutal (et forestier) de sa carrière évidemment en dents de scie.
• Un entretien entre Chuck Palahniuk et Tom Spanbauer où il est question du concept de "dangerous writing", de Derrida, de l'ombre d'une bite bien dure
• Un topo d'enfer sur l'œuvre d'Oscar Micheaux, le premier afro-américain à tourner des longs métrages, dont on a retrouvé un film en Belgique dans les années 90: The symbol of the Unconquered, — eh oui, n'oubliez pas que 90% des films muets sont perdus à jamais…
• Un entretien avec Alan Moore, le crypto-Gandalf des lettres anglaises dont on va vous rebattre les oreilles au cours des mois qui suivent. Moore y évoque bien sûr l'écriture de son gigantesque Jerusalem ("sous-tendu par l'hypothèque selon laquelle nous vivons dans un univers pourvu de quatre dimensions spatiales, au moins"), mais établit également une chouette équation entre art et magie ("des quasi synonymes").
• Un texte de Bruce Bégout racontant sa virée à Las Vegas (ou pas…)
• Une enquête sur la première génération d'artistes féminines auto-proclamées…
• Un entretien avec Gordon Willis, le directeur de la photographie des films de Woody Allen et Coppola
• Un entretien avec Lydia Millet qui nous raconte ses débuts chez Larry Flint…

Et encore bien d'autres CB&R (choses bonnes et revigorantes). Voilà. Cette page de pub vous était offerte par l'Office de Recouvrement des Parties charnues des Ragondins de Saône-et-Loire, dont une filiale indépendante vient d'ouvrir ses portes quelques part à Zanzibar, aucune inscription ne sera acceptée après encaissement.

___________
Le Believer n°6, automne-hiver 2015-2016, éd. Inculte, 15 €