samedi 19 avril 2025
RETRADUIRE GRAHAM GREENE / ÉPISODE 7
vendredi 18 avril 2025
RETRADUIRE GRAHAM GREENE / EPISODE 6 / POURQUOI LES TRADUCTIONS VIEILLISSENT-ELLES?
« He hadn’t hoped to silence her, though he dreaded what she might say, for even inaccuracies about things which are dead can be as painful as the truth. »
« certes, il avait craint d’entendre ce qu’elle aurait pu dire – car l’inexactitude même peut parfois raviver de pénibles souvenirs mieux encore que la vérité. »
« Il n’avait pas cherché à la faire taire, même s’il redoutait ce qu’elle pourrait dire, car même des inexactitudes sur des choses qui ne sont plus peuvent être aussi douloureuses que la vérité. »
Retraduire Graham Greene / ÉPISODE 5
jeudi 17 avril 2025
RETRADUIRE GRAHAM GREENE / ÉPISODE 4 BIS / LA KERMESSE PERDUE
Arthur Rowe, une fois franchi les grilles de la kermesse – qui l’appelle comme un état d’innocence perdue – « the fête called him like innocence » –, après s’être acquitté d’un droit d’entrée au prix fort – on lui propose un rabais s’il attend un peu, mais il ne veut pas attendre, car le paradis perdu n’attend pas… –, entre alors en souvenir, car cette kermesse contient toutes les kermesses passées, elle est la condition de tous les possibles. Elle promet rien moins qu’un changement définitif de la vie ordinaire. (Et à cet égard, la guerre est perçue comme une fête monstrueuse qui redistribue toutes les cartes, altère tous les possibles.)
mercredi 16 avril 2025
Retraduire Graham Greene : Épisode 4
mardi 15 avril 2025
RETRADUIRE GRAHAM GREENE / JOURNAL DE TRADUCTION // ÉPISODE 3 – LA FOISON D'OR
RETRADUIRE GRAHAM GREENE / JOURNAL DE TRADUCTION
lundi 14 avril 2025
RETRADUIRE GRAHAM GREENE – ÉPISODE 2 : PRÉDIRE LE PASSÉ
JOURNAL DE TRADUCTION
• ÉPISODE 2 – PRÉDIRE LE PASSÉ
RETRADUIRE GRAHAM GREENE : JOURNAL DE TRADUCTION (1)
RETRADUIRE GRAHAM GREENE : JOURNAL DE TRADUCTION
jeudi 10 avril 2025
Le billet fantôme de Thomas Pynchon
Alors qu'on a appris que Paul Thomas Anderson, après avoir adapté au cinéma Bleeding Edge, allait s'attaquer à Vineland, un nouveau roman de Thomas Pynchon est enfin annoncé chez l'éditeur Penguin, après douze ans d'attente.
Le titre de ce roman est Shadow Ticket une expression qui peut avoir plusieurs significations. Il peut s'agit d'un billet (d'avion, par exemple), réservé sans qu'on l'ait acheté, mais ce sens colle assez mal avec le contexte du livre de Pynchon, qui se déroule en 1932. Il peut avoir également un sens informatique, encore moins pertinent vu ledit contexte. Un autre sens, peut-être métaphorique, est envisageable. Un "shadow ticket" renverrait alors à une expression espagnole, et cet obscur billet serait celui réservé pour une "barrera de sombra", une place à l'ombre dans une arène pour assister à une corrida. Mais que ce "ticket" ait le sens de billet, de programme (ou liste) électoral, que ce "shadow" soit une ombre, un fantôme, ou renvoie à une filature (il est question dans le roman d'un "private eye"), voilà qui reste à déterminer.
On attend donc de mains fermes le texte de Pynchon. Sachant le secret qui entoure ses livres, il n'est pas sûr qu'on puisse disposer prochainement d'un pdf, qui pourrait aisément fuiter avant le 7 octobre. Penguin imprimera plus vraisemblablement des épreuves papier, parcimonieusement distribuées juste avant la sortie. Mais après douze ans d'attente, on n'est pas à six mois près, non? On connaît au moins quelques ingrédients de ce nouveau plat sûrement relevé: fortune fromagère, Al Capone, activités paranormales, bandits à moto, paquebot accostant en Hongrie (!), espions anglais, Nazis nazis, big band…
Les trois cent quatre-vingt-quatre pages de Shadow Ticket paraîtront donc le 7 octobre prochain, et des négociations sont en cours en France afin d'en acquérir les droits en vue d'une traduction. En attendant de vous dire (très prochainement plus), voici les informations dont on dispose pour l'instant…
mardi 8 avril 2025
Perec de 8 à 10
Le numéro 8 nous donne à voir les photos que pris l'ami de Perec, Pierre Getzler, lors de deux des trois glorieuses journées d'octobre 1974, quand l'écrivain s'assit à une table de café et tenta de capter tout ce qui se passait et ne se passait pas place Saint-Sulpice. Chaque photo cadre un pan d'espace, plus ou moins habité, où souvent n'advient qu'un temps figé, souvent barré par une verticale (un arbre, un poteau, un panneau) comme si, telle une aiguille marquant un éternel midi, l'espace-temps était balisé par de concrets fuseaux horaires. Des voitures, des bus, des passants: une place qui ne laisse place qu'à elle-même, mais qu'il faut quand même décrire, c'est-à-dire, écrire, autrement dit déplier l'image en segments syntaxiques, tout comme les photos de Getzler réécrivent un ensemble en le sectionnant en parties.
Le numéro 9, signée Sophie Coiffier s'efforce de lire certaines images à la lueur de l'œuvre de Perec. En partant de la grille mi-conceptuelle mi-ludique qu'est le jeu de taquin (en gros un puzzle aux pièces carrées ménageant une case vide par où faire passer les autres pièces), l'auteure de L'éternité comme un jeu de taquin, opère donc des rapprochements – comme on fait coïncider des bords – afin que le sens, magnétisé, attire d'autres aventures formelles. Ce pourrait être un exercice, c'est en fait une quête, entre vide et plein, où Perec, de cavalier seul, devient arpenteur de cases.
Le numéro 10, qui s'intitule Le timbre à un franc, est signé par le pataphysicien Jean-Louis Bailly. Il égrène divers croisements avec l'œuvre et l'homme, entre autres comment le chapitre XXII de La Vie mode d'emploiI (qui était alors en cours d'écriture) lui est arrivé par la poste, suite à une démarche que Bailly avait faite auprès de GP, afin de publier un de ses textes dans une revue au titre rousselien, Nouvelles Impressions. C'est aussi, en creux (et en bosses, aussi) un portrait cubiste de Bailly, dont certains angles entrent en relation géométrico-affective avec les textes de Perec.
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Pierre Getzler, Place Saint-Sulpice les 18 & 19 octobre 1974
Sophie Coiffier, L'éternité comme un jeu de taquin
Jean-Louis Bailly, Le timbre à un franc
— tous trois parus à L'Œil ébloui, dans la série des 53 Perec.