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mardi 4 mars 2014

D'un procédé consistant à éliminer une couche de matière déposée sur la surface d'une autre matière


Au début, on trouvait la revue Décapage un peu flottante, foutraque, dispersée. Avec le temps, on a fini par la trouver joyeusement flottante, utilement foutraque et sympathiquement dispersée. Certes, elle possède un noyau, un dossier consacré à un écrivain contemporain (Arnaud Cathrine, dans le dernier numéro), mais elle grouille également de rubriques qui sont, au final, comme autant de plaisantes dégustations : piquettes et grands crus, mais à chaque fois le verre tinte et la pépie y trouve son compte.
La quarante-neuvième édition de Décapage a donc plus d’un tour dans son sac. Constatez par vous-même : un hommage à Christian Gailly signé par Echenoz, Mauvignier, Oster, Ravey, Serena et Deck ; une indispensable traversée de l’œuvre tout aussi indispensable de Charlotte Delbo par Valentine Goby ; un éloge de Jules Mougin (?) par Thomas Vinau (« en imaginant la mésange bleue rire comme un hippopotame ivre, je me suis retenu ») ; une thématique alléchante, ainsi définie : « Cette œuvre ou cet artiste que j’ai honte d’aimer », permettant à une douzaine d’auteurs de nous livrer leur honteux engouement – ce qui nous permet de lire le nom de Crepax sous la plume de Michon, de Duran Duran sous celle d’Oliver Rohe, de Louis de Funès sous celle de Sagalovitsch (ce qui nous vaut, au passage, l'inéluctable: «  Mais comment Sagalovitsch, vous êtes juif ?!!! »).
Et oui, je l'avoue, je me suis plié sans vergogne à l’exercice, et me suis permis d'évoquer l’immense continent englouti qu’est la série des Oui-Oui dans un texte intitulé "Non-non, quoique". Vous trouverez aussi une nouvelle de Ulrich Haarbürste, d’Olivier Liron, un court récit signé Bruce Bégout ( où vous découvrirez que « la prothèse émit de nouveau des plaintes rudimentaires »), etc.
Comme il est précisé p. 158 de la revue :
« Ce numéro 49 paraît alors que certains préfèrent se prélasser sur des télésièges et descendre des pistes enneigées plutôt que de lire un bon bouquin dans son fauteuil ou une bonne revue littéraire sur ses toilettes. […] Enfin, la revue est conforme aux normes sur l’exposition aux radiofréquences. »
On retiendra également que la « rédaction de Décapage reçoit quand elle veut et ne répond pas au téléphone. »
Tant de sagesse et de prévenance ne devraient pas vous laisser indifférents.  On peut s’abonner même si on habite dans les Landes ou chez des amis, c’est écrit noir sur blanc, là encore. Bref, vous l’aurez compris : éteignez votre portable et allez acheter Décapage. Sinon on vous abonne de force à La Gazette du pépiniériste.