Ce soir, mardi 9 septembre, à 20h, la librairie Le Comptoir des Mots (239 rue des Pyrénées, 75020), vous propose de rencontrer Gabriel Josipovici, auteur de Golberg: Variations (éd. Quidam) en présence de son traducteur, l'éminent Bernard Hoepffner, et de son éditeur français, le non moins éminent Pascal Arnaud.
Gabriel Josipovici est également l'auteur de deux autres titres traduits chez Quidam, Moo Pak (trad. Hoepffner) et Tout Passe (trad. Claro). Le Comptoir avait déjà reçu Josipovici le mardi 12 avril 2011 pour Moo Pak. Vous avez dit fidèle?
Voici ce que François Monti disait du livre en 2007 sur le site du Fric Frac Club :
"En 1741, dans la ville de Dresde, Hermann Karl von Keyserling ne peut dormir. Il charge le claveciniste Johann Gottlieb Goldberg de jouer pour lui chaque nuit, espérant que la musique parvienne à le faire tomber dans les bras de morphée. Pour ce faire, Goldberg demande à Johann Sebastian Bach , un compositeur de ses amis, de lui écrire quelques pièces. Ainsi, dit la légende, naîtront, à partir d’un aria les trente variations les plus célèbres du monde. Deux siècles et demi plus tard, Gabriel Josipovici en donne une version littéraire : Keyserling devient Westfield, gentilhomme anglais souffrant d’insomnies qui engage Goldberg, écrivain juif d’âge mûr, pour venir lui lire des histoires jusqu’à ce que sommeil s’ensuive. La première nuit, se rendant compte qu’il a lu tous les livres et que ça ne l’aide pas, Westfield exige de l’écrivain qu’il lui compose des récits de son crû pour remplir son office."
Toujours sur le même site, un autre article, récent celui-ci, de Pierre Pigot, qu'on vous invite à lire dans la foulée. Il y aura aussi de quoi boire, alors ne faites pas comme si vous étiez déjà blasés par les rencontres en librairie de la rentrée littéraire de septembre deux mille quatorze.
Retour sur « Tout Passe » et « Moo Pak » de Gabriel Josipovici (en attendant « Goldberg : Variations », commandé, reçu mais pas encore lu.
RépondreSupprimerDeux ouvrages totalement différents. Le premier peu épais, 63 pages de texte, sous forme de courtes séquences, sans réelle suite chronologique entre elles. Le second sous forme d’un long paragraphe de 186 pages, longue promenade dans Londres.
Une pièce
Il se tient à la fenêtre.
Et une voix dit : Tout passe. Le bien et le mal. La joie et la peine. Tout passe.
Cela commence comme ça. Des petits instants, quelques lignes, plus rarement une page. Discussions entre un père, son fils, sa fille. Des promenades dans Munich. Un fond de musique avec le quartet pour cordes 15, opus 132 de Beethoven. Un puzzle dont l’auteur ne fournit que des bribes, fragments d’une vie tout aussi dépouillée.
Une longue promenade dans Londres, a travers ses parcs et une discussion tout azimuts entre Jack Toledano et Damien Anderson. Entre autres discussions littéraires, on passe de Homère à la quasi novlangue. Tout commence avec Ulysse, reconnu par son vieux chien Argos, perclus qui ne fait que remuer sa queue, alors qu’Ulysse entre en conversation avec Eumée. Par la suite, on compare la littérature anglaise à l’allemande. Ou l’on retrouve Georg Lichtenberg (et les peaux de chats percées d’un trou à la place des yeux). Ainsi que Goethe (« Conversations avec Eckermann ») (ou serait ce plutôt l’inverse, Eckermann écrivant ses conversations avec Goethe). En face on retrouve l’ineffable « Tristram Shandy » et les « Confessions du pécheur justifié » de James Hogg (roman à moitié gothique de deux fils de famille écossaise). On retrouve également Jonathan Swift (et « Le conte du tonneau » et Horace Walpole (« Le château d’Otrante »). La discussion dérive ensuite à l’entrée de Moor Park, un manoir dans le Hertfordshire, à une trentaine de kilomètres du centre de Londres. Ce manoir a abrité Jonathan Swift, avant d’être un centre pour aliénés et un centre du décodage, où officiait entre autres Alan Turing, le précurseur des ordinateurs, puis un institut dédié à l'étude du langage chez les primates (d’où les deux chimpanzés Ludwig et Bertrand) et finalement une école où un jeune illettré s'efforce d'écrire «l'istoir de Moo Pak». Lente déchéance de l’écriture.
Quoiqu’il en soit on ne peut que recommander la lecture de Gabriel Josipovici. Deux autres textes traduits
« Contre jour, Tryptique d’après Pierre Bonnard » Gallimard, 1989
« Deuxième personne à la fenêtre » (précédé par « Introduction à Maurice Blanchot » Virgile, 1988
Quelques mots sur « Goldberg : Variations », critique entamée en juillet sur des bouts de texte anglais.
Tout comme les variations de JS Bach, trente variations au clavecin commandées à pour abréger les veilles de von Keserling (selon la légende). Il s’agit de trente variations littéraires, toujours pour soigner les insomnies.
Plutôt que des interprétations diverses (clavecin, piano, orgue, trio à cordes, orchestre), bien que le clavecin soit le plus fidèle, je recommande l’interprétation très personnelle de Uri Caine et son groupe (Winter & Winter 910 054-2) avec 70 variations pour ensembles variés (en fait 36 et 30 variations sur les 2 CD, avec l’aria, l’ouverture et l’éternelle variation). Une lecture très similaire à celle de Josipovici, mais en musique.