Parler d'un travail en cours, d'un livre en gestation n'est jamais facile. La proposition de Numéro Zéro était donc une gageure et un piège : non pas exposer une œuvre empêtrée dans son inachevé, mais produire un texte / une rencontre / un "pestacle" susceptible d'en rendre compte à l'intérieur même du processus de création. Non pas dire ce qui se passe, mais le montrer, sans prendre de gants, ou alors en tricotons soi-même les gants (mais qui tricote encore aujourd'hui ses gants? sanglota-t-il). Autrement dit, à mon sens, éviter le discours, by-passer la lecture d'extraits, mais mettre les mains dans le cambouis – les miennes, celles de mes comparses Blairet et Mellano, et surtout celle du public qu'on espère nombreux bon sang c'est déjà demain non ne flippons pas ça ne sert à rien, d'ailleurs le comédien Blairet m'a mis en garde: joue pour les dieux. Par "dieux", il ne pensait je l'espère à aucun gandin de l'Olympe, juste à cette distance qui sépare celui qui s'expose de ceux qui deviennent des recevants. Ce vide qu'on ne peut remplir qu'avec du souffle. Heureusement, Blairet a du souffle, ce garçon est une forge vivante. Quant à Mellano, Zéphyr & Aquilon Limited feraient bien de s'en inspirer. Bref, nous sommes prêts: j'ai répété avec Bruno (qui m'a déconseillé de prendre l'accent de Louis Jouvet), Mellano déboule demain pour une longue "session" live avant l'arrivée des fauves dans l'arène (il apporte sa guitare magique pleine de rainbows).Je ne suis pas inquiet. Le trac? Pensez-donc! J'ai déjà fait mille fois du saut en parachute sans parachute. (Enfin, je crois.) Il faut juste que je m'empêche de 1/réécrire complètement le texte de notre intervention; 2/ acheter un aller simple pour l'Antarctique; 3/ faire un AVC; 4/ prendre la ligne 7 dans le mauvais sens. Comme disait l'Indien dans Little Big Man: "C'est un beau jour pour mourir." Mais comme disait également Groucho Marx: "Il est préférable de rester muet et d'être pris pour un fou, que de l'ouvrir et de ne laisser aucun doute à ce sujet."Demain vendredi 11 avril, nous allons et l'ouvrir et laisser planer le doute.
(Ce texte, et d'autres, est consultable en ligne sur le site de Numéro Zéro, n'hésitez pas vous y rendre pour lire mes autres interventions concernant le ouorquinprograisse…)
Demain donc donc donc, c'est ::: "comment c'est/ commencer ::: un livre", aux Laboratoire d'Aubervilliers, à 20h, entrée gratuite, sortie non garantie. Dégustation de vin pour les survivants. Toutes les infos ici.