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mercredi 14 janvier 2015

Gonzague Saint Bris, mitigeur

Ce qui est bien avec Gonzague Saint Bris, c'est qu'en plus d'avoir inventé la soupe, il se la sert lui-même. Se qualifiant de "Tourangeau pur rillettes" (!), il s'est fignolé un CV riche en calories où titres vains et lauriers fanés alternent au gré d'une cuistrerie toc-chic, et où semble se produire quelque cryptique fusion entre André Castelot et BHL. Chantre du paon-romantisme comme d'autres de l'eau tiède – on trouve d'ailleurs sur son blog une pub promo pour un mitigeur à 28,99€, la vérité si je mens! –  il a fondé en 1995 une manifestation littéraire intitulée "La forêt des livres", que la presse étrangère aurait, selon son site, qualifiée  de "Woodstock de la littérature" – sauf qu'en place de Jimi Hendrix ou Joe Cocker on a plutôt droit à Renaud Donnedieu de Vabres ou Maurice Druon. With a little help from my right friends, quoi.

Auteur d'une cinquantaine d'ouvrages où le mot Histoire rime avec celui d'Amour (exploit!), Gonzague, qui a été conseiller municipal de Loches – respect! – mais aussi Chevalier dans l’Ordre Royal de Dannebrog – mystère! – est désormais artiste visuel. Il vient de découvrir (ou d'inventer?) ni plus ni moins l'art numérique. Il était temps. Notre scribe 2.2, après des années consacrées au collage et au coloriage des mots, aborde donc avec audace et margarine un pan encore méconnu de la création. Deux œuvres "iconoclasses" font déjà date et pitié : il s'agit du "Selfie de Vinci" et de la "Joconde Bleue". Admirez, je vous prie, sur votre droite, l'inventivité des formes et la grâce des couleurs.

Le selfie, on le sait, c'est l'autoportrait de soi par soi-même comme représentation du moi mais pour toi. Arf. Du coup, grâce à Gonzague, Vinci devient le père Fouras, et Monna Lisa pose pour le Club Med. Une façon originale de revisiter les grandes œuvrettes du passé grâce à un usage ingénieux et, disons-le, légèrement cacaochyme, de la palette graphique. A la fois hommage, détournement et astuces pour préparer vos fonds de veaux et vos macarons surprise, ces œuvres fortes et surtout colorées risquent de bouleverser l'équilibre chimiquement instable de l'art contemporain. Grâce à elles, le passé passe à la moulinette du présent et en ressort non seulement altéré mais également pignolisé. (Je fais une pause, car mon spliff vient de s'éteindre.) Elles seront exposées à Tours, fief de l'auteur des Larmes de la gloire, les 24 et 25 janvier, à la galerie… Vinci! Gonzague compose aussi des "tableaux lettristes", mais là nous avouons n'être pas encore prêts psychologiquement pour aborder ce continent maudit . Et comme si ça ne suffisait pas, il nous fait découvrir les châteaux de France à bord d'un drone. Qu'il doit piloter lui-même, suppose-t-on.

Si, comme l'a écrit quelque part Saint Bris, l'absence est un "tissu flou de bouffées de présence* qui vous reviennent par morceaux déchirés et uniques", alors il devrait s'y abonner vite fait**. On attend maintenant avec impatience qu'il se lance dans la musique et nous propose une version pour hochets et tétines de la Neuvième Symphonie.

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* Un tissu flou de bouffées de présence??!! Aaargh. Sors de ce corps, Alexandre Jardin !
** (Je joue sur l'expression "aux abonnés absents", hein. Je le précise parce que c'est pas évident à première lecture.)