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mercredi 26 novembre 2014

Houellebecq et l'université: une pipe sinon rien

N'étant pas franchement fan de Houellebecq, je suis ravi quand on m'aide à décrypter son travail, aussi est-ce avec une curiosité et un enthousiasme sans nom que j'ai dévoré l'entretien qu'a donné au journal La Voix du Nord l'universitaire Antoine Jurga, auteur d'une thèse sur Houellebecq. Dans cet entretien consultable en ligne ici, il dissipe certains malentendus. Par exemple, on pourrait croire que Houellebecq est le chouchou de l'université, eh bien non:
"C’est un écrivain qui n’est pas totalement autorisé dans les milieux universitaires."
Quel dommage. A la fois, on apprend dans la foulée que :
"Six thèses sont en préparation sur lui."
Mazette, les critères sont sévères. Six thèses et toujours pas ses entrées à la fac? Bon, continuons. Houellebecq est-il sulfureux? Telle est la question posée par le journaliste de La Voix du Nord. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, "sulfureux", mais ça doit être vendeur. De toute façon, ce n'est pas le cas de Houellebecq, selon saint Jurga:
"Ce n’est pas du tout un écrivain sulfureux. Pour l’avoir rencontré, c’est quelqu’un de particulièrement timide, simple […]."
Ça explique tout. L'homme, c'est l'œuvre. Ouf. Donc, pas sulfureux. Ok. Genre: Sade? Oh, un bon pote, plutôt réservé. Mais il est quoi, alors, Michel ? Réaliste? Objectif? Oui, objectif. Ce qui est normal parce que, figurez-vous :
"Il aime à rappeler qu’il est ingénieur agronome de formation. Cette formation scientifique lui permet d’avoir un regard objectif."
Mais alors, pourquoi y a-t-il, comment dire… une certaine résistance chez certains devant son œuvre? J'avais hâte de connaître la réponse à cette question, car justement, moi, je suis réticent face à Michel H. Eh bien maintenant je sais pourquoi, et c'est Jurga qui me l'apprend :
"On n’a pas envie d’entendre […] que tout le monde aimerait avoir une fellation par jour… "
Ah c'est pour ça. Euh, juste une question: c'est trop ou pas assez, une fellation par jour?  Zut, Jurga ne m'entend pas et ne répond pas à cette question pourtant d'une importance fabuleuse. En tout cas, ça explique ma réticence envers Houellebecq. Duh? Mais encore? Houellebecq est-il majeur? Là encore, l'homo sapiens sapiens du Jurgassique a la réponse:
"Oui, parce qu’on ne peut pas en faire l’économie. Il fait partie du paysage, il est traduit dans trente langues, il est adapté au théâtre, au cinéma…"
Bien. Ça c'est fait. Check. Et sinon, d'autres cartactéristiques houellebecquiennes qui m'auraient échappé? Hélas, oui. Tout d'abord:
"Ce qui est étonnant chez Houellebecq, c’est qu’il est presque réac, il aime la famille."
Presque? Ouch. Etonnant? Arf. Bon, passons au style, qui doit être du coup la véritable raison d'aimer (ou pas) cet écrivain. Et là, la réponse tombe comme une plâtrée de polenta brûlante sur une fesse de bébé endormi:
"C’est un écrivain majeur […]  Il n’y a pas de style particulier chez Houellebecq, il n’y a aucun esprit novateur dans l’écriture, il écrit, en gros, comme Balzac."
Je peux le dire aujourd'hui: mes études en fac n'ont duré que trois semaines. Grâce à Jurga, je sais pourquoi.