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lundi 1 octobre 2012

Cadence Cadiot

Retour de Manosque, ni définitif ni durable, on l'espère. Les Correspondances, conduites à merveille de scène en salle, ont permis moments et rencontres, voix et regards. Il y a eu cet échange avec Arno Bertina, assez magique, où, passé quelques tâtonnements autour de nos deux livres (ce qu'ils, malgré eux, disent), chacun s'est autorisé à décrire le mouvement de l'écriture, Arno expliquant, avec en contrepoint les précises arabesques laissées dans l'air par ses mains, quel moteur est le doute, et combien la recherche d'une adéquation entre vitesses de pensée et d'écriture sous-tend son travail, ce que progresser veut dire pour un écrivain. Car oui, Manosque est un des rares festivals où on peut parler écriture, et non raconter ce qui l'est déjà (merci à Yann Nicol et Pascal Jourdana, entre autres, de laisser se déployer les intermittences et les métaphores). Il y a eu cette parole tenue et quasi nocturne de Bernard Comment sur son ami Tabucchi, impeccable, tout en boucles et écarts, accompagnée de longs extraits dont il était difficile de se défaire. Il y a eu Emmanuelle Pireyre, distillant sa note juste à bonne et généreuse distance du public, extorquant rires et sourires, légère, prudente dans ses audaces et audacieuses dans ses prudences, parce que la féérie, parce que la musique. Et puis des rencontres, entre deux moments, dans la rue, à une terrasse, au bar-librairie du Théâtre… François Bon le premier vu et qui vous prend en photo comme on vous serre contre lui. Sylvain Prudhomme, qui non seulement ne craint personne au bras de fer, mais dont le sourire, tout juste revenu d'Afrique, vous ouvre les pages de son livre. Joy Sorman, Frédéric Forte, les libraires, les bénévoles, les éditeurs…
Mais impossible de rapporter tous les croisements, échanges, marques de confiance, dons et rires. Juste évoquer un grand moment, celui que fut la lecture d'Olivier Cadiot le dimanche à 11h. On a pensé évidemment au piano préparé de John Cage, quand Cadiot s'est mis à lire des morceaux de son Mage et d'un travail en cours (intitulé "Balzac", et s'échouant à Ruffec…), les commentant parfois à même les plis de sa lecture, montrant toutes les coutures et les cachant toutes, tant son art du bégaiement et du ressort rendait justice au trépignement même des mots. Cadiot, exposant le chantier en cours, nous en faisant partager les éboulements et obstacles, jonglant avec ses hésitations, tantôt hilarantes tantôt poignantes, à nu dans les invisibles déguisements de l'empereur, mécanicien génial ne parlant finalement que musique, tension, respiration, sa voix toujours en construction, s'interdisant les élans, revenant sans cesse sur la feuille, qu'on tourne, et tourne encore, consistante jusque dans le silence. Cadiot qui prend son temps, habité, comme Bertina et quelques autres, par le doute, ou plutôt la force du doute. Leçon. De lumière.

vendredi 28 septembre 2012

Sous le soleil de Manosque

Du 26 au 30 septembre ont lieu, à Manosque, "Les Correspondances". On le sait, il ne s'agit pas d'une manifestation à la gloire de la passion épistolaire pas plus que d'un grand raout organisé par les Postes (ni d'un long colloque autour du poème de Baudelaire), même s'il y est question de lettres, même si la Fondation la Poste y apporte son substantiel écot, même si on pourra y entendre de longs échos qui de loin se confondent. Cette année, une fois de plus, la manifestation littéraire accueille une tripotée d'auteurs et organise lectures, concerts et rencontres. Ça a commencé mercredi avec une déambulation littéraire de Frédéric Forte et un concert des Têtes Raides scandant du Genet et du Vian. Jeudi, le niortais Enard s'est entretenu avec le colombien Juan Gabriel Vasquez et le grand Marcon a honoré Rimbaud comme il se doit, tandis que Dominique A., pierre de touche des Correspondances, a donné une lecture musicale. Comment s'en plaindre?
Nous sommes vendredi, si l'on en croit le calendrier (des Postes!) et on a hâte d'aller écouter François Bon et Pascal Dibie nous parler de ce qui tient dans la main et ne fond pas dans la tête (objets + portes à 16h30). Il y a aussi Joy Sorman à la même heure (on va donc se couper en deux, mais comme c'est pour entendre parler boucherie et abattoir, ça fait sens), Emmanuelle Pireyre avec un one-woman féérie à 17h, et Manuel "Autour" Candré à 18h… (et re-Dominique A à 22h30).
Le samedi, je serai présent pour les Apéros littéraires du comité de lecture, à 11h du matin (on met son réveil, hein) en compagnie de Joy Sorman. Puis je m'entretiendrai à 15h, place de l'Hôtel-d'Herbès avec Arno Bertina sous la houlette de Yann Nicol, on causera donc LSD et balle jaune. Vous pouvez également m'écouter lire un extrait de mon livre sur le site de Télérama – ne réglez pas votre poste, c'est normal si c'est frituré et cascadé… Le soir, comment ne pas aller s'étendre dans Le Cantique des Cantiques et savourer un Hommage à Mahmoud Darwich avec Rodolphe Burger au chant et à la guitare? C'est à 21h, dans la Grande salle du théâtre Jean-le-Bleu.
Dimanche, à 11h, une évidence: Olivier Cadiot dans la petite salle du même théâtre pour une lecture rencontre. A 15h, le docteur Deville causera maladies graves place de l'Hôtel de Ville et on s'en réjouit. Et à 18h30, pour ceux qui seront restés jusqu'au bout, allez voir le film de Laurent Cantet, Foxfire (adapté d'un roman de Joyce Carol Oates), en présence du réalisateur et des productrices du film, les délicieuses Carole Scotta et Caroline Benjo (Haut et Court) auxquelles mon roman Tous les diamants du ciel est dédié, si vous voulez tout savoir.
Bon, il y a des tonnes d'autres choses à voir et lire. Le programme est . Vous êtes grands, vous saurez vous débrouiller. Sinon, le timbre vert coûte 0,57 centimes d'euro et permet d'envoyer jusqu'à 20 grammes de marchandise licite. Et, oui, Jean Giono a bien habité à Manosque : au 1, rue Torte, où il est né le 30 mars 1895 ; au 14, rue Grande, où ses parents ont déménagé peu de temps après ; au 8, rue Grande, où il s'est installé en 1930, après son mariage. On ne vous avait  donc pas menti au sujet du hussard immobile qui voyage sur les toits. On déplorera en revanche qu'on ne nous parle jamais de cet autre Manosquin, Elémir Bourges, l'immortel auteur de Les oiseaux s'envolent et les fleurs tombent. Ou pas.