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samedi 8 juillet 2017

Film n°18 – Le crime était presque parfait

Le crime était presque parfait, d'Alfred Hitchcock, 1954


Quand on connaît bien un film d'Hitchcock, l'aventure ne fait que commencer. On peut à son tour mener l'enquête, soulever les coins, tendre l'oreille, grignoter des indices. Dans Le crime était presque parfait, on pourra donc se livrer à diverses investigations en apparence mineures, lever quelques lièvres prétendument discrets…

On s'amusera, comme dans L'ombre d'un doute, à repérer l'obsession pour le double, la paire, bref, la duomanie: 2 bas, 2 clés, 2 imperméables, 2 assassins, 2 hommes dans une vie, 2 hommes qui enquêtent, deux portes donnant accès au même espace, 2 pseudos pour l'assassin, etc. Comme le dit l'assassin à la fin du film: "La réalité et la fiction sont souvent deux choses différentes."

On pourra y chercher la présence du cinéaste, qui cette fois apparaît par ses initiales, avec en prime un clin d'œil à L'homme qui en savait trop, puisqu'il est question à un moment d'un certain "Albentall". C'est Tony Wendice qui dit avoir du mal à déchiffrer un nom sur l'agenda de sa femme Margot, laquelle lui fait alors remarquer qu'il s'agit en fait… du Albert Hall. ("Un de tes anciens amoureux. – C'est la salle de concert.") Ah ah ! AH.

On s'amusera de voir que le personnage de l'assassin courtise les femmes seules et les veuves pour leur argent, comme le Charlie de L'ombre d'un doute.

On notera que Tony Wendice est un ancien joueur de tennis, tout comme le Guy Haines de L'inconnu du Nord-Express…

Que le même Wendice, quand il compose le numéro de sa femme, commence par la lettre "M", pour "murder", bien sûr", mais ce "M" est aussi le double inversé du "W" qui commence son nom…

Enfin, le film s'achève sur le gentil inspecteur qui se peigne la moustache, or autrefois, dans les films muets, la moustache était l'attribut du méchant, comme c'est le cas dans le film Chantage, quand l'ombre d'un candélabre vient apposer une moustache au-dessus de la bouche du peintre qui s'apprête à tuer Alice (Hitchcock: "Autrefois, les méchants avaient une moustache et donnaient des coups de pied aux chiens"…). Mais cette fois-ci, la moustache est soigneusement peignée, les temps ont changé…





jeudi 6 juillet 2017

Film n°16 – L'Ombre d'un doute, d'Alfred Hitchcock

L'Ombre d'un doute, d'Alfred Hitchcock, 1943, 1h43

Un des films préférés d'Hitchcock, où la schize est particulièrement systématisée. Le personnage de Charlie Oakley – interprété par Joseph Cotten – est l'archétype du scindé: longtemps séparé de sa sœur, il aimerait renouer avec cette symbiose mais ne parvient pour l'instant qu'à s'intéresser à la moitié du couple: la veuve, source de revenus. Il est traqué par deux policiers, qui eux-mêmes traquent deux hommes. Sa nièce, qui elle aussi se fait appeler Charlie, est fasciné par son oncle mais également par un des deux policiers. Le père de la jeune Charlie forme un couple avec un voisin – chacun imagine des façons parfaites de tuer l'autre. Oakley essaie par deux fois d'assassiner sa nièce – la troisième lui sera fatale. La nièce traverse deux fois le même carrefour, en prenant à chaque fois un risque. Elle a un frère et une sœur. La maison a deux entrées différentes, qui jouent chacune un rôle important. Sa chambre devient la chambre de son oncle. Bien sûr, à traquer le deux, le double, on n'en finirait pas d'en trouver des manifestations. C'est tout le génie du film: partir de la schizophrénie pour en arriver à la paranoïa. Hitchcock, ou comment faire du doute une pathologie virale…

mercredi 5 juillet 2017

Film n° 14 – L'homme qui en savait (un peu) trop…

L'homme qui en savait trop (version anglaise), d'Alfred Hitchcok, 1934

Vingt-deux avant la version américaine que tout le monde connaît, Hitch ébauche son premier "homme qui en savait trop". En filigrane,  on reconnaît la fameuse trame, avec le coup de cymbales mais sans Daniel Gélin en djellaba. On rit beaucoup, et pas uniquement sur injonction du maître du suspens. La psychologie est souvent en mode "vous-m'en-direz-tant" et finit par donner l'impression qu'on regarde en transparence un Buñuel fantôme. Le montage est à l'avenant, comme si on battait des cartes. Bizarrement, le film est traversé par une obsession alimentaire – quand la mère parle enfin à sa fille kidnappée au téléphone, c'est pour lui demander si elle mange correctement. Fait à son tour prisonnier, le père s'attable avec les malfrats et casse la croûte. Au début du film, la fillette veut à tout prix dîner avec ses parents (après avoir gâché deux épreuves sportives, l'air de rien)… On retiendra surtout une scène d'anthologie dans une église, où se déroule un lancer de chaises stupéfiant. Il y a aussi Peter Lorre, horriblement à l'aise et ricanant. Ah, j'oubliais, il y a un méchant dentiste qui préfigure celui de Marathon Man – mais là, c'est vraiment "sans danger".
Bref, c'est very british dans l'humour – le père ne cesse de vanner même dans les pires situations. Un plan est entièrement dévolu à un éternuement complètement dépourvu de sens. Je laisse les psys analyser cette étrange fonction-atchoum. Comme quoi, il est toujours possible d'évoluer…