mardi 30 novembre 2010

Paul Harding: Les Foudroyés


A paraître en mars 2011 dans la collection Lot49 (cherche midi éditeur), le premier roman de Paul Harding, lauréat du Pulitzer catégorie roman: Tinkers – titre français: Les Foudroyés. Traduit de l'américain par Pierre Demarty. (traducteur entre autres de Joan Didion et Paul Théroux…). L'occasion également pour Lot49 de faire peau neuve: changement de maquette, de typo, de format… Parce qu'un hurlement ne cesse de traverser le ciel?

Les Foudroyés, ou l’histoire d’un tremblement secret

Un vieil homme se meurt. Allongé sur un lit d’hôpital installé au centre de son salon, entouré de sa famille – épouse, sœur, enfants et petits-enfants qui se relaient pour le nourrir, faire sa toilette, lui faire la lecture, changer ses draps –, George Washington Crosby, ancien horloger, sent le temps se rompre, les heures entamer leur compte à rebours final, et le monde peu à peu lui échapper. Tantôt il hallucine, tantôt tout s’obscurcit autour de lui. Et dans le chaos de cette agonie, se précipitent les souvenirs. Notamment de son père, Howard, représentant de commerce dans un coin rural et sauvage de la Nouvelle-Angleterre, vendeur de tout et de rien qui parcourait la lande avec une charrette remplie d’articles divers, clous, savon, tabac, vaisselle, etc. Amoureux de la nature (et lui-même hanté par la figure de son propre père, pasteur calviniste), Howard s’égarait parfois et, oubliant sa tournée, pouvait s’arrêter des heures au bord d’un ruisseau, dans un champ, dans les bois… et s’y dissimuler le temps que cessent les terribles crises d’épilepsie qui le terrassaient régulièrement…


Mais Les Foudroyés, c'est également l'histoire extraordinaire d'un roman publié à très peu d'exemplaires par un petit éditeur, et qui va rencontrer un beau succès grâce à l'enthousiasme et au soutient de quelques libraires américains. En effet, ce premier roman a eu une carrière éditoriale pour le moins singulière aux Etats-Unis – sorti de nulle part, il s’est attiré quantité de louanges, s’est frayé un beau chemin chez les plus littéraires des libraires « indies », et s’est retrouvé un peu partout sur les « top lists »… avant de remporter le prix Pulitzer du roman en 2010. D’abord refusé par de nombreux éditeurs américains, le texte, après avoir reposé trois ans dans un tiroir, est publié en janvier 2009 par la jeune maison d’édition indépendante Bellevue Literary Press (affiliée au NYU Hospital), qui procède à une premier tirage en poche plus que modeste : 500 exemplaires. Très vite, les libraires s’emballent et le roman de Harding est réimprimé en grand format à 5000 exemplaires. Puis les ventes grimpent rapidement à plus de 10 000 exemplaires, et les consécrations ne cessent d’affluer. Le livre est tout d’abord, Finaliste du Prix du Premier roman 2009 du Center for Fiction, puis il est sélectionné dans le Top 10 des meilleurs livres de 2009 de Publishers’ Weekly, ainsi que dans le Top 10 des meilleurs livres de 2009 de Amazon.com et le Top 5 des meilleurs livres de 2009 de la radio publique NPR. S’en suit un accord avec l’éditeur Random House pour deux autres textes à venir en janvier 2010. Enfin, le 12 avril 2010, Les Foudroyés se voit décerner le très prestigieux prix Pulitzer pour la fiction – Harding apprendra la nouvelle en se rendant sur le site web du Prix. C’est le premier roman publié par une petite maison d’édition indépendante à recevoir cette distinction depuis La Conjuration des Imbéciles.




mardi 23 novembre 2010

En anglais dans le texte…


Bunker Anatomie (éd. Verticales) vient de paraître aux Etats-Unis, aux éditions Marick Press, dans une traduction de Brian Evenson.
Extrait:

"So lived Medusa: each morning, before brushing her hair, she took care to feed the one thousand nine hundred and twenty-eight snakes quivering on her head. She called them by name—Thorium, Argon, Rubidium, Strontium, Cadmium, Titanium, Helium…— lavishing them with a few flattering words and then, by feel, sliding a dead fly into each of their mouths. Digestion was immediate. When their bilingual hissing evoked nothing but an innocuous gas leak, she could then attempt to arrange the fauna that was her moptop—as a child, Medusa buried her face in anthills and counted to a hundred, lips shut, eyes closed, and from this monstrous apnea experienced something like pleasure. But most often she was content to coat her hair with a barbiturate-based pomade, waiting twenty minutes or so and then enshrining the greasy bouquet within a woolen cap. Her toilette was long and painful. Nude on the tiled floor of the bathroom, she rubbed newsprint rolled in a ball and moistened with gasoline over her arms, then washed them with soapy water and, when they were dry, polished them with a chamois. The process had to be repeated every day, or else grayish-green stains reappeared which had to be eliminated quite quickly with hot vinegar or with lemon juice infused with coarse salt. Which was inevitably followed by long warbled howls, which awoke the snakes, who flew into a rage; everything had to be done over. Most of the time, she went back to bed and stayed in front of the extinguished TV for hours, without answering the telephone, spying on her ashen reflection in the dead screen. When she was an adolescent, eating was a nightmare, her boar tusks knocked over the carafe, scratched the dishes, got stuck on the bread. She had to pull them out herself and cauterize her gums with hydrochloric acid so they wouldn't grow back. Once upon a time there was a girl called Medusa who each evening, to fall asleep, counted the cadavers of her petrified lovers. These latter, like certain of the living at certain times, preserved in the hollow of their navel a minute quantity of sperm, which formed a plug, the proper return of things. After which, duly turned to stone, they ended up in the garden of her small suburban home, more vertical than ever. Except when fucking, Medusa never removes her sunglasses."


lundi 15 novembre 2010

Le véritable prix Goncourt: H. Micol


Maintenant que le couperet de la gloire est tombé sur le membre coupable et que l'on sait le nom du prétendant élu, il est temps de révéler les dessous juponneux de l'affaire. A quelques minutes de l'élection triomphale, alors que les jurés réunis chez Drouant semblaient être parvenus à une viride décision que même le pousse-café ne pouvait plus déformer, un livre dont personne n'avait songé à compulser la matière brûlante circula alors au sein de la tablée, passant de doigt en doigt, débraguettant les humeurs et augmentant les températures intérieures. Ce fut comme un séisme. Un grand retournement se fit sentir et il s'en fallut d'une goutte que le vase déférent ne débordât. Une ultime secousse – celle de la raison débandée – rétablit l'équilibre, mais le fait subsiste, roide et palpable: tout ce beau petit monde faillit, à l'heure de l'addition, voter pour un concurrent exogène, déboulé in extremis tel un météore viride. Oui, le prix Goncourt 2010 faillit de peu être attribué à un livre dont l'éditeur lui-même nous révèle qu'il est "à lire avec un extincteur". Je veux parler de l'opus de Hughe Micol, La Planète des vulves, fantaisie érotico-humide qui bouscule les codes romanesques et s'attache à soulever quelques pans turgescents de la folie géopolitique contemporaine. Les aventures du lieutenant-colonel Vaugirard dans l'espace, sa rencontre pénétrante avec Ba-Ba Ouh, reine de Vülvia, une planète située super loin de Mont-sur-Cresson, ses pérégrinations d'un orifice l'autre, ses doutes sur la mâlitude française: tous ces éléments, brassés dans une narration intelligemment déconstruite, ont séduit quelques nanosecondes les esprits embrumés des jurés. Mais soyons beaux joueurs. Et, faute de lauriers, contentons-nous du plaisir ithyphalliquement irréprochable qu'on prendra à la lecture de ce roman fabuleux publié par les éditions Les Requins Marteaux, dans la sobre collection BD-Cul. Citation: "Euh, pardonnez-moi… Laissez-moi enfiler quelque chose."

vendredi 12 novembre 2010

Nantes, pour mémoire


Ce soir, vendredi 12 novembre, rencontre autour de CosmoZ à la librairie Vent d'Ouest, à Nantes, 19h. Venez très beaucoup!

Demain, samedi 13 novembre, deux rendez-vous lors du festival Les Utopiales, toujours à Nantes: 13h00 - "Les inclassables en littérature" - Les étiquettes littéraires abondent, il existe des romans qu’on ne peut classer. Leur existence ne reflète-t-elle pas l’incohérence des étiquettes ? Participants : Jean-Philippe Depotte, Claro, Jean Claude Bologne & 16h00, Rencontre avec Claro, animée par Fabrice Colin.


vendredi 5 novembre 2010

Ubik & Orbit


IAIN SINCLAIR

London Orbital


Dans ce texte, dont le titre résume le programme, Sinclair tourne autour de Londres en marchant le long du périphérique M25, qui ceint la capitale britannique. Il est parfois seul, parfois accompagné de plasticiens ou de musiciens (Bill Drummond, du groupe d’acid house KLF). Il décrit les parkings, les stations-service, les supermarchés et les banlieues-dortoirs, mais aussi les champs et les décharges, cherchant les traces de présences disparues et de cultes anciens, de lieux qui ouvrent sur d’autres lieux. La méthode Sinclair est toujours la même : cerner le réel et réduire la focale jusqu’à ce que des formes nouvelles apparaissent. D’une œuvre sans cesse approfondie se révèle peu à peu la psychogéographie d’un lieu : Londres, la tentaculaire.

Salué par ses pairs (Will Self, JG Ballard) comme « le plus grand roman du XXe siècle », London Orbital est un chef-d’œuvre littéraire, une ballade discursive dans le Londres contemporain qui revisite tous les mythes anglais et la construction d’un inconscient collectif.

L’auteur
Écrivain et cinéaste, Iain Sinclair est né en 1943 à Cardiff. Après des études littéraires au Trinity College de Dublin et de cinéma à Londres, il s’installe dans le quartier populaire de Hackney, dans l’Est londonien. Il s’attelle alors à l’écriture d’une œuvre multiforme pour dire un territoire, Londres. Depuis trente ans, Sinclair arpente inlassablement la ville. En marchant, il relève les métamorphoses – et les agressions subies – d’un paysage urbain, et établit des connexions invisibles.

Postface de Philippe Vasset.

jeudi 4 novembre 2010

CosmoZ dans le ventre de Jonas

Vendredi 5 novembre 2010
à 18h01

la librairie Jonas
(14-16 rue de la Maison Blanche, 75013)
reçoit Claro

à l'occasion de la sortie de son dernier roman
Cosmoz (Actes Sud)




Nous vous parlerons de radium, d'étain et de briques jaunes, mais aussi de tranchées, de mille soleils, de nains, de freaks, de parcs d'attraction, d'activités anti-américaines, d'arc-en-ciel, d'hommes-creux, de tornades, d'asiles de fous, de rutabagas, et ensemble nous essaierons de faire de cette "ultime entrevue dans le crépusculaire" (T.S. Eliot) une soirée atomiquement sémillante.