Le mardi 28 décembre à 18 h, à la librairie Les Colonnes, à Tanger:
54 boulevard Pasteur, Tanger.
Tél. 05 39 93 69 55
"Avant toutes choses, avant même d’en venir aux mains avec elles, il nous fallut inventer la bouche, à commencer par le mot « bouche », au centre duquel nous plantâmes un trou sans trop nous soucier de son avenir, lumineux ou obscur, et autour de ce trou, comme d’autres des arbres ou des pierres, nous conçûmes des dents, d’immenses gradins de dents, lesquelles nous amenèrent peu à peu et pour ainsi dire à notre insu à l’idée de mâchoires – déjà la faim se manifestait à nous, sans doute, et avec elle la belle idée de morsure, dont nous ignorions alors qu’elle produirait autant de sons, d’échos, de conventions, aussi. Artisans de la bouche, nous nous efforcions d’oublier les infamies par nous commises dans la Cité du Corps-Sans-Bouche. Oui, nous aurions dû commencer beaucoup plus tôt par la Bouche, par sa béance, le chantier de son cri, les balbutiements de ses arcanes, de ses coulisses.(…)"in " L'invention de la Bouche"
"Notre mission, que nous avons acceptée : désigner, comme chaque année, les meilleurs livres de 2010. Tous genres, tous pays confondus ; primés cet automne ou vierges de toute distinction. Une seule restriction, terrible, mais notre déontologie va loin : éliminer, dans la douleur, les livres écrits par les plumes du "Point". Le résultat : du très varié, mais rien que du très beau."
C'est tout le problème de la déontologie. Sans elle, on rirait sûrement encore un peu plus.
Jean-Clet-Martin: CosmoZ, un titre assez vertigineux qui joue sur des sens différents, l'un cosmologique, l'autre mythologique. On dirait une « chimère » à plusieurs têtes bien plus qu'une métaphore... Comment s'impose un titre de ce genre? Claro: Un titre doit souvent être une proposition du livre, et même s'il peut préexister à l'écriture, il ne peut longtemps rester un simple gri-gri. J'avais pensé appeler ce roman "Livre Vain", mais au final j'ai basculé vers un autre intitulé, dans lequel la volonté de recréer un monde – une partie du monde, sous un angle particulier – se voyait ainsi gauchie, comme si on y avait greffé autre chose, la possibilité de l'autre. D'où ce "oz", syllabe à la fois pleine et vide, chargée de sens et en attente de nuances, qui vient bourgeonner sur le "cosmoz", permettant de déplier un peu le sens, d'instaurer une différence dans la répétition du son, et qui par sa fin majuscule indique déjà qu'il sera question de fin et de commencement. J-CM: Outre le ressort des mots, le tour des formules, on a le sentiment de déborder les mots, de les fendre vers l'image, image en mouvement, en prise sur des dispositifs du cinéma (Oz est image autant que récit). Comment raccordez vous tous ces plans, quel montage? C: L'écriture du livre se joue à plusieurs niveaux, pas seulement au niveau de l'écriture physique, de la bousculade des mots. Penser la structure d'un livre est pour moi une forme d'écriture, ça se passe sur un plan différent, mais c'est déjà une épreuve pratique. (…) La suite ici.