Connaissez-vous le prix Messardière? C'est un prix littéraire (n'ayons pas peur des mots). Pierre Maury en parle très drôlement sur son blog Journal d'un lecteur. Et Livres-Hebdo nous en apprend un peu plus sur la chose. Comment sait-on qu'il s'agit d'un prix littéraire? Oh, c'est très simple: le jury est entre autres constitué de Gonzague Saint-Bris, Macha Méril, Didier Van Cauwalaert. C'est donc forcément littéraire.
Et que récompense-t-il? Eh bien, là encore, ça a le mérite d'être clair: "un roman français publié au printemps et touchant à l’évasion sous toutes ses formes: amour, aventure, voyage, exotisme…." Vous suivez? L'amour est une forme d'évasion. Check. Le voyage aussi, re-check. La mort? Pas sûr. La prison, bof. La drogue? Euh… Faut voir… L'exil fiscal? On ne sait pas.
La particularité de ce prix vaut le détour (mais pas forcément le billet de train pour Saint-Tropez…) car figurez-vous que les finalistes doivent subir:
"une épreuve ultime et décisive avant le vote final […] un grand oral de présentation de leur livre, suivi de questions du jury et du public."
Il fallait y penser. L'oral pour défendre l'écrit. Hum. Pas la peine que Modiano se présente, je crois. Comme si l'obscénité de la compétition et la comédie des lauriers ne suffisaient pas. Maintenant, il faut défendre son livre. Trois candidats, un seul reçu. La mascarade affublée d'atours scolaires? Pourquoi pas… Mais ne pourrait-on pas aller plus loin? Demander par exemple aux candidats de faire eux-mêmes l'auto-critique de leurs livres, les obliger à réécrire certains passages, bref, les faire bosser un peu? On pourrait aussi leur demander, pour les départager équitablement, de faire preuve d'un talent autre que celui qui consiste à taper sur un clavier. Je ne sais pas, moi, un numéro de claquettes, cuisiner un tiramisu les yeux bandés, réciter à l'envers un poème de Maurice Carême. Exiger d'eux un diplôme d'études supérieures? Ou mieux, tiens: obliger les candidats à jurer sur les œuvres complètes de Gonzague Saint-Bris qu'ils n'ont pas encore perdu toutes leurs illusions littéraires.
Il faut lire les oeuvres complètes de G S-B ? Alors pour moi c'est définitivement raté... du coup, pour me consoler, je me suis plongé dans Réparer les vivants, et ça c'est un très grand moment d'écriture (enfin, plutôt de lecture en ce qui me concerne !), merci encore pour le conseil avisé !!!
RépondreSupprimerne manquent plus qu'irène frain et max gallo, et on aura un jury d'exception (avec katherine pancol et éric emmanuel schmidt en réserve, au cas où l'un de nos joyeux drilles en vienne à déclarer forfait...) misère...
RépondreSupprimersinon, vous êtes dans le vrai, cher claro: on devrait coupler ce prix avec un "dîner presque parfait" j'ai hâte de découvrir les petits plats de guillaume musso, la décoration de table signée anna gavalda, ou l'animation de la soirée imaginée par l'inénarrable yann moix... hé bé !
C'est drôle comme d’hab, mais ça me gêne un peu tous ces réglements de comptes, ces meutes qui se méprisent.
RépondreSupprimerVous avez vu une meute (ou plusieurs !) ? Moi je ne vois que de mauvais écrivains d'un côté, des pisseurs de copie qui monopolisent les media, encombrent les rayonnages des librairies et effectivement méprisent les écrivains, ceux qui travaillent la langue et le sens, qui peinent à se faire connaître et éditer, et sont souvent obligés d'enchainer les petits boulots pour vivre, payer leur loyer et leurs impôts, tout en continuant d'écrire... Ce qui me gêne moi, c'est de voir dans le métro des wagons entiers de passagers en train de lire Musso, Lévy ou 50 nuances de ... et qui sont persuadés de découvrir les Flaubert, Joyce ou Proust de notre temps !
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