Le fantaisiste Nicolas Bedos a été relaxé hier des poursuites intentées par Marine Le Pen, qu'il avait traitée de «salope fascisante» dans l'hebdo Marianne. Le juge chargé de l'affaire a estimé que le contexte expliquait (et excusait) l'outrance. Bedos n'a donc pas insulté Marine Le Pen. Et ne sera pas poursuivi. On pourrait s'en réjouir. Ou pas.
Car cet "incident" pose problème. "Salope" – ou "salope fascisante" – ne serait donc une insulte qu'en fonction du contexte. Si je traite Marine de salope fascisante dans ce blog, ça sera vraisemblablement une insulte puis que je ne suis pas un fantaisiste. Ou plutôt, un juge – s'il y a plainte – décidera que c'est une insulte. "Salope" serait donc une sorte particulière d'énoncé performatif, que seule la justice peut valider. Ainsi, Bedos, s'il a voulu en fait insulter Marine, n'y est pas arrivé: la justice lui a refusé cette possibilité. Alors qu'il saute aux yeux que, quel que soit le contexte, "salope fascisante" est une insulte. Ça doit être frustrant quand même de découvrir qu'on ne peut pas insulter seul, que c'est la justice qui décide si oui ou non l'insulte est une insulte ou juste un effet outrancier. Pourtant, le propre de l'insulte n'est-il pas d'être parfois outrancier? Je te trouve moralement sale, donc je te traite de salope. Je te trouve politiquement très à droite, donc je te déclare fascisante.
Résumons: Bedos a insulté Marine Le Pen, Marine Le Pen s'est sentie insultée, mais en fait, non, elle n'a pas été insultée. Qu'en déduire? La justice a-t-elle rendu un service en disqualifiant l'insulte en question? Mais alors, comment faire pour insulter Marine? Si Bedos a voulu insulter Marine, il serait en droit de faire le constat suivant: On m'a censuré, on m'a empêché d'insulter Marine. Marine Le Pen serait donc, dans un certain contexte, ininsultable? Faut-il le déplorer?
Ou alors on peut voir les choses différemment et se dire que le juge a estimé que, finalement, "salope fascisante" était une définition possible de Marine Le Pen, certes outrancière, mais que, l'outrance n'étant qu'une exagération (ici à des fins pamphlétaires), le sens global du syntagme restait pertinent. L'humour jouerait donc ici le rôle de guillemets. Et les guillemets diraient ceci : je t'insulte, mais à la fois c'est pour rire. Tu n'es pas une salope fascisante dans la réalité. Seulement dans l'outrance. Dans la réalité tu es… tu es… Euh, c'est quoi la version soft de "salope fascisante" ? Hum. Il faudrait demander son avis au juge. Ou à Marine Le Pen. Mais d'ici à ce qu'elle trouve que c'est un point de détail…
version soft...un charognard politique, pervers idéologue homophobe révisionniste et raciste sans vergogne....par contre l'anecdote en dit long sur le process de la novlangue s'installant dans l'absence de critique a la place des livres cerveaux sur le trône de l'esprit...
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