samedi 19 septembre 2015

La taille du pénis et l'échangeur du New Jersey



Désormais, le week-end, le Clavier Cannibale se change en vide-greniers et ressort de ses cartons d'anciens posts, histoire d'apprendre au temps à ne pas se croire linéaire… Celui-ci date du 14 janvier 2014.

 Il y a une vingtaine d'années, l'écrivaine américaine Carole Diehl était jurée dans un concours de slam poétique. Deux très jeunes Latinos s'étant livrés à une performance assez "désobligeante" [derogatory…] envers les femmes (réduites à leurs organes génitaux, pour tout dire), Carole Diehl et une autre jurée, Denise Duhamel, décidèrent de ne pas voter. Elles estimaient que leur mission consistait à noter la qualité du travail, non son contenu, mais dans le cas présent le contenu leur paraissait inacceptable. La semaine suivante, Carole Diehl lut un poème destiné à renverser légèrement les perspectives. Ce poème s'intitule "Pour les hommes qui n'ont toujours pas compris". En voici la traduction — bonne lecture, les mecs :

"Et si
toutes les femmes étaient plus grandes et plus fortes que toi
et se croyaient plus intelligentes
Et si
c’étaient les femmes qui déclenchaient les guerres
Et si
des tas d'amis à toi avaient été violés par des femmes
et sans vaseline
Et si
le policier de la route
qui t'arrêtait sur l’échangeur du New Jersey
était une femme
et portait une arme
Et si
le fait d'avoir ses règles
était la condition pour décrocher les boulots les mieux payés
Et si
l’attrait que tu exerces sur les femmes dépendait
de la taille de ton pénis
-->
Et si
chaque fois qu’une femme te voyait
elle sifflait et faisait des gestes saccadés avec les mains
Et si
les femmes faisaient toujours des blagues
sur la laideur des pénis
et le gout désagréable du sperme
Et si
tu devais expliquer ce qui cloche dans ta voiture
à de grosses femmes suantes aux mains huileuses
qui fixent ton entrejambe
dans un garage où tu es entouré
par des affiches de types nus en érection
Et si
des revues pour hommes publiaient des photos
de gamins de quatorze ans
avec des chaussettes
fourrées dans leur jean au niveau de l’entrejambe
et des articles du style
« Comment savoir si votre femme est infidèle »
ou
« Ce que votre médecin ne vous dira pas sur votre prostate »
ou
« La vérité sur l’impuissance »
Et si
le médecin qui examinait ta prostate

était une femme

et t’appelait « mon chou »

Et si

tu ne pouvais pas t’enfuir

parce que le dress code de la boîte où tu bosses

exige que tu portes des chaussures

conçues pour t’empêcher de courir

Et si

après tout ça

les femmes voulaient encore

t’aimer."

2 commentaires:

  1. Bonjour Claro,
    Merci pour la traduction de magnifique poème, que je vais m'empresser de partager sur les réseaux sociaux.
    Mais avant, ôtez moi d'un doute. Il me semble que la traduction du dernier vers devrait être : "les femmes voulaient encore que tu les aimes"

    And what if
    after all that
    women still wanted you
    to love them.

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  2. Claro <3
    (au risque de me répéter)

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