mardi 27 janvier 2015

Chère semaine passée


Cher semaine passée,
Un astéroïde vient de frôler la Terre, occasionnant un incendie chez Jean-Marie le Pen et soufflant la dernière étincelle présente dans le regard de Demis Roussos, aussitôt remplacée heureusement par celle de Tsipra, tandis qu’un F-16 grec s’écrasait, crise oblige, en Espagne. Bref, la semaine a débuté par quelques concomitance karmiques plutôt troublantes, mais heureusement le Clavier Cannibale est Métèque ascendant Faribole, et survivra donc à ce cafouillage astral. Même si, il faut bien l’avouer, tout n'était pas rose la semaine dernière.
La faute à qui ? Eh bien au film Gemma Bovery, une daube qui semble faire de la publicité cachée pour un produit inexistant, et où l’on voit une femme-robe filmée comme une robe-objet par une caméra-caddie sous l’œil concupiscent de figurants-parlants, tandis qu’un Lucchini camé à la farine s’épate sans conviction aucune, mais avec force crispation de sourcils, des ressemblances inouïes entre le scénario – écrit visiblement à l’origine pour des playmobils – et le roman de Flaubert, bref, un film d’une ineptie telle qu’on n’y entend même pas souffler le vent dans le bocage normand malgré de louables efforts de la paluche dans les feuillages. La réalisatrice Anne Fontaine ne sait filmer de son actrice que sa garde-robe Laura Ashley et sa nuque parfois dégagée, une actrice dont la jeune jeunesse, la belle beauté et la fraîche fraîcheur (et les formes formées) sont suivies et broutées par un objectif-bovin qui s'égare dans de grotesques ralentis chabadas où ne manque que la célébration d'un fromage local. Rien à sauver dans ce reportage sur l’ondulation des hanches en milieu champêtre et l'érotisme torride des pétries, où l'on découvre néanmoins l'importance du chien dans le contre-champ et les ambiguïtés de la manœuvre de Heimlich.
Heureusement, on a vu le dernier Tony Gatlif, Geronimo, avec Céline Sallette en âpre et généreuse combattante des destins foutus, jamais madone, elle, mais toujours réelle, fendant farouche les plans instables de sa silhouette Giacometti, le regard aussi résolu qu’apeuré et donc humain, tandis qu’autour d’elle des hommes enfants et colériques comparent la taille de leur canif et tournent sur eux-mêmes, prisonniers d’une danse-tradition dont ils ne contrôlent aucune des dérives. Revisitation en mode gitan/capoeira de West Side Story, le film de Gatlif est mobile même quand immobile, occupé par des tourmentes qu'il sait chorégraphier comme personne.
Enfin, on a vu La nuit des rois, au Théâtre des Quartiers d’Ivry, dinguerie shakespearienne montée/démontée par Clément Poirée, avec un Bruno Blairet dans le rôle du fou, ou plutôt traversant ce rôle pour éclairer/éclater telle une dynamo/dynamite cette fantaisie où hommes et femmes échangent non seulement leurs émois mais leurs sexes.
Alors merci quand même chère semaine passée. Flaubert a tenu bon et Shakespeare a triomphé. C'est déjà ça.

5 commentaires:

  1. Et le nerf de boeuf ? Où est-il passé dans ce film qui semble plutôt lamentable ? Il es pourtant capital !!!

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  2. Quelle mauvaise foi ! Gemma Bovery le film de Fontaine n'est pas l'adaptation de Madame Bovary le roman de Flaubert. C'est l'adaptation de Gemma Bovery le roman graphique de Posy Simmonds, lui-même inspiré (pas adaptaté) du roman de Flaubert. En math on appelle ça une dérivée seconde.

    Alors si on est honnête on compare avec le livre de Simmonds... et force est de constater que c'est même constat : la Gemma est trop bonasse (et maigre) pour être crédible et Luchini trop citadin (et maigre).

    Perso, je trouve le livre de Simmonds intéressant.

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  3. Sans en savoir plus que vous et ne pouvant croire à l'influence des astres sur la survenue des hasards positifs, espérons que les sabotages n'existent qu'amoureux. La nuit des rois n'a pas réussi à vous redonner le bonne humeur qui plairait à ces jours, j'entends que ça grince sur un fond qui souffre et se disloque.

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  4. Bien vu, l'article, et le "nerf de boeuf" de ce pauvre Charles : il cherche sa "cravache" et la retrouve, dans la main d'Emma, devenue "nerf de boeuf", tout un programme de dévirilisation déjà en puissance dans son patronyme.
    Jacques Géraud

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  5. Oui bien vrai... "La nuit des rois" merveilleuse et Bruno Blairet inspiré incandescent de fantaisie et d'imagination... Le reste je n'ai pas vu... Lire prend du temps quand la vue baisse...

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