Le roman de Joël Dicker – La vérité sur l'affaire Harry Québert – vient de paraître en traduction anglaise aux Etats-Unis. Malheureusement, la traduction littérale du titre – The Truth about the Harry Québert Affair – ne rend pas vraiment justice au subtil jeu de mots présent dans le titre français, où n'importe quelle oreille un tant soit peu attentive entend distinctement: "la vérité sur l'affreux haricot vert", indice permettant de voir dans le roman de Dicker une réécriture du mythe de Jack et le haricot magique. Mais laissons là les histoires de géant.
La critique du New Yorker, Alice Gregory, s'est vaillamment infligé la lecture de notre sémillant goncourable. Elle avait déjà croisé Dicker lors d'un repas promotionnel organisé par Penguin, et avait dû se taper les propos éclairés de ce dernier sur la littérature française – "ennuyeuse", "difficile", "des histoires de gens qui mangent des œufs pendant qu'il pleut" etc –, aussi était-elle préparée à la lecture de son "tourne-page" (page turner). A l'instar de ses confrères, elle n'a guère été emballée. Newsday a qualifié son roman de "machine lourdingue" tandis que le Washington Post parle d'un "pensum obèse". Mais Alice Gregory a su mieux que quiconque comprendre l'utilité de ce livre:
"C'est le genre de roman que vous recommandez à un ami éploré ou à un collègue appelé à faire partie d'un jury – bref, à quelqu'un dont les facultés critiques ont été provisoirement mises en suspens et qui essaie d'oublier qui il est et où il est."
Penguin a tiré le livre à cent vingt-cinq mille exemplaires. Espérons que les jurés éplorés se l'offriront entre eux…
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