J'aime les vide-greniers. Cimetières vivants et colorés palpitant au-delà du goût et de la valeur, ils en disent long sur le produit, la mémoire, l'attachement aux objets et le citoyen devenu, le temps d'une journée, commerçant de ses propres biens. Mais mon intention n'est pas ici de faire de la sociologie poétique mais de vous causer littérature. Il en existe une qu'on étudie peu, enfin je crois, reléguée au dos des 33t et des 45t d'autrefois.
Depuis que j'ai une platine à la campagne, j'ai recommencé à acheter des disques, mais souvent, ceux que j'achète, je ne les écoute pas, car si je les ai acquis c'est pour leur couverture, rarement pour leur contenu musical. Jusqu'ici, mon attention se portait donc essentiellement sur les pochettes, l'illustration, la photo, le montage, la typo, une prédilection étant accordée au saugrenu, à l'incongru.
Depuis que j'ai une platine à la campagne, j'ai recommencé à acheter des disques, mais souvent, ceux que j'achète, je ne les écoute pas, car si je les ai acquis c'est pour leur couverture, rarement pour leur contenu musical. Jusqu'ici, mon attention se portait donc essentiellement sur les pochettes, l'illustration, la photo, le montage, la typo, une prédilection étant accordée au saugrenu, à l'incongru.
Mais depuis peu je m'intéresse aux textes figurant – rarement – au dos du disque – or dimanche dernier, je suis tombé sur une perle. Un 45t d'une dénommée Rachel. Il n'y a pas grand-chose à dire sur son talent, en revanche le texte de présentation de son disque est surprenant et je vous le livre tel quel – chacun le méditera à l'aune de son appétit linguistique, mais le fait est que son ingénuité atteint des sommets – ou des abysses ? – grotesques. A la fois, il n'est pas sans recéler un embryon d'émotion… Bref, je vous laisse juge:
Rachel, accompagnée par André Popp et son orchestreQuand on mesure le chemin parcouru par Rachel depuis le 20 août 1961, où elle remporta la finale du concours de chant organisé par Mireille à Peynnes-le-Sec (Drôme) on doit bien reconnaître que, si il n’est pas encore très long, il est plein d’avenir.Papa était maçon, maman s’occupait de ses trois filles mais Rachel la cadette chantait. Au pays des cigalles [sic] cela n’a rien de surprenant.Ce passe-temps ne l’empêchait pas de préparer une solide vacation terrienne, car si Cavaillon, sa ville natale, rime avec melon, c’est aussi une capitale réputée pour les fraises. C’est à l’école d’agronomie où elle rentra qu’elle entreprit de connaître les fraisiers qu’elle se proposait d’exploiter dans sa Provence. Sa vie semblait toute tracée, c’est alors qu’elle reçut une lettre de Paris : Mireille n’avait pas oublié la jeune provençale à la voix chaude et lui proposait d’abandonner ses fraisiers pour faire une carrière dans la chanson.Il semble que ce disque soit la preuve de sa jeune réussite.
Rien à dire à propos du dos des disques ni de cette Rachel arrachée à ses fraisiers... par contre vous féliciter pour cette première page du supplément "Les livres" du journal Le Soir (Belgique) de ce dimanche 3 mai.
RépondreSupprimerVous êtes un affreux sentimental, oui.
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