lundi 4 novembre 2013

Un fruit de trop

Oh, mais c'est qu'il fallait les voir, ces chères petites têtes blondes, défiler spontanément dans les rues d'Angers lors du passage de  la ministre de la Justice ! Regardez-les, ces angelots de douze ans, munis d'une banane spontanée, traitant spontanément Taubira de "guenon" sous le regard ému et spontané de leurs parents! Ils ont compris, ces petits Français bien de chez nous, que quelque chose avait changé, que le temps des comparaisons enjouées était revenue, que le jovial Banania avait retrouvé son fringant Y'a bon. Une banane! Comme c'est drôle! Une banane pour protester contre une femme à la peau foncée!!! Quelle idée, quand même! Où ont-ils bien pu aller chercher ça? D'où leur est venue cette idée que tout le monde comprendrait le rapport entre ce fruit et… et… quoi? Aïe.
Eh oui, nous ne le savons que trop. Le paradigme race noire / singe a tellement bien été ancré dans nos petites cervelles que, quel que soit notre degré de racisme, nous lisons ce signe sans hésitation. Les arbres, les branches, les singes, les noirs, les bananes… Oui, même si nous ne sommes pas racistes, nous savons que l'assimilation noir/singe a la vie dure. A croire qu'on ne devient pas raciste, mais qu'on naît raciste, qu'on naît et évolue (hum) dans un épouvantable bain amniotique parfumé au racisme. Avec le temps, donc, nous apprenons à devenir de moins en moins raciste (ou de plus en plus raciste). Et même si un jour nous cessons d'être raciste, nous savons que cette banane, elle, le restera. Un fruit suffit à nous le rappeler. Un fruit suffit à nous rappeler que nous sommes bien en France, terre raciste.
On parlait tranquillement homosexualité et voilà qu'on brandit des bananes dans la rue. C'est à se demander si l'inconscient de certains cathos n'est pas structuré… comme un parti politique.

4 commentaires:

  1. Quand j'ai appris la manipulation de ces gamins, je ne pouvais pas croire qu'on était tombé aussi bas. Ordinairement, le racisme prend des formes plus voilées. J'espère que certains de ces enfants, à l'adolescence, renverront comme un boomerang à la face de leurs parents, leurs potes arabes ou leurs amours noires, ou leurs préférences homo. Gardez espoir, ça arrive souvent.

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  2. Il faudrait expliquer aux parents des têtes blondes la connotation phallique de ce fruit, leur faire écouter le premier album du Velvet (je sais je suis monomaniaque) : Hey, white boy, what you doin' uptown?
    Hey, white boy, you chasin' our women around?

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  3. C'est très embarrassant pour les bananes, qui n'y sont pour rien, les pauvres, et qui se retrouvent prises en otages par ces odieux dégénérés...

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  4. Bien vu ! Et sans vouloir comparer avec la chronique de Morel, ça fait du bien de que certain se bougent le cul pour dénoncer ça.

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