mardi 19 novembre 2013

Prix littéraires et zoophilie : Coïncidence? ( je ne crois pas)

La presse nationale en a peu parlé et pourtant un drame insoutenable vient de frapper notre belle France. Un drame littéraire, qui plus est. Encouragé par cette saine pratique qui consiste à prendre les écrivains pour des chevals [sic] qui jouent leur carrière au Loto, le conseil général de l'Aveyron a eu la bonne idée de créer… un prix littéraire. Jean-Claude Luche [sic], le président de la collectivité (whatever it means…) a même réussi à définir ce qu'on nomme, faute de termes moins rachitiques, la "culture", laquelle selon lui est synonyme d'«outil de développement de l’attractivité du département». Hélas, le manque de candidats – quatre seulement se sont timidement proposés à ce jeu déroutant – a contraint le généreux conseil à ne couronner personne «Quatre auteurs, cela faisait trop juste pour pouvoir décerner un prix», a justifié Jean-Michel Lalle [sic], vice-président du conseil général en charge de la culture, lors de la cérémonie. Seul Jean-Luc Barthe est parvenu à décrocher une "mention spéciale" (autrement dit un prix de consolation, car les prix littéraires sont restés finalement pathétiquement scolaires) pour son roman «Les mémoires d’un diable», qui, on ne peut pas tout avoir, n'a toujours pas d'éditeur.
Je sais bien que les prix littéraires font vendre, mais ne devrions-nous pas tous tirer une leçon de ce drame humanitaire ? Du genre: le ridicule ne tue pas, certes, mais c'est dommage.

Rappelons pour ceux que ça déride que le week-end prochain, Le Touquet-Paris-Plage et Le Monde accueillent « Les Rencontres des lauréats des Prix Littéraires ». Pourquoi Le Touquet? Je suppose que c'est parce que cette commune était en 1944 la plus minée de France (on y a  recensé en effet 106 745 mines: 38 620 en ville, 54 125 dans les dunes, le champ de course et l'aérodrome, 13 800 sous les maisons et 200 dans la piscine). Mais pourquoi je vous dis tout ça? Ah oui. Les prix littéraires, donc. On va mettre tous les écrivains primés cette année devant une assiette et ils vont manger des choses, puis on les mettra devant leurs livres et ils vont les signer (au moins, pendant ce temps, ils n'écrivent pas…). Il y aura même d'autres prix remis, parce que plus on est de prix plus on rit (ah ah ah): le Prix du Jury ("jusque 35 ans" [sic]) sera présidé par Philippe Alexandre (journaliste et écrivain [sic]) et Michel Kempinski, président de Plastic Omnium Environnement [sic]. Je vous laisse imaginer la fierté qu'on peut ressentir à se voir remettre un prix par le président de Plastic Omnium Environnement, dont le groupe s'occupe de la "conteneurisation des déchets" [sic]. On doit se sentir non seulement primé mais recyclable. Et puis, le dimanche, parce que la messe c'est un peu dans l'esprit de tout ça – tu vouâââ –, vous aurez droit à 11h à une "Conférence débat philosophique" (what the fuck!??!) animée par Mgr Podvin [sic]. Ça ne s'invente pas.
Bref: ridicule + honte + pognon: les prix littéraires, décidément, ne se refusent rien.

3 commentaires:

  1. Circé vous aurait-elle promis d'y assister?
    Pauvre Monseigneur que vous crucifiez avant même qu'il ait eu le temps de dégainer deux mots trois bricoles, quel toupet!

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  2. Per Omnium Seculae Seculorum! Podvin, celui de messe en calice goupillonnera bien la foule qui repartira ivre d'elle-même! Jean-Claude et Michel se serreront Lalle-Luche! En public! En plus! Non mais quelle indécence!
    Honte à vous Claro! Vous nous poussez à des invit pornolivres qui nous râpent le rire!

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  3. "You say I am repeating
    Something I have said before
    I shall say it again
    Shall I say it again?"
    (T.S.Eliot)
    Ben, des vérités sur ce que sont (et, en ce disant, on souille un peu le beau verbe "être", hein) les prix littéraires et les lieux où ceux des lauréats qui, ayant perdu tout respect d'eux-mêmes, auront choisi de se rendre et de faire là où on leur dira - ben, on n'en dira jamais assez!

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