On est vendredi. Aujourd'hui, le Conseil constitutionnel doit trancher : Les maires opposés au mariage homosexuel vont-ils pouvoir invoquer leur liberté de conscience pour refuser de célébrer une telle union ?
En toute logique républicaine, on pourrait penser que le rôle d'un "conseil institutionnel" serait de décider quelle peine infliger à un maire refusant de célébrer une union entre deux êtres humains majeurs et vaccinés. Parce qu'on ne voit pas trop ce que vient faire ici cette étrange "liberté de conscience" ? Pour tout dire, on ne voit même pas ce que vient faire dans cette galère la "conscience". Par quel miracle linguistico-clownesque a-t-on réussi à allier les mots "liberté" et "conscience" pour désigner l'attitude d'un élu ayant décidé, dans son petit for intérieur personnel bien à lui d'hétéro responsable, que, non, pas envie, c'est quand même des tapettes, et les lois ont beau être les lois, pas envie.
Les maires opposés au mariage homosexuel devraient – depuis une cellule de dégrisement – être astreints à pondre un ouvrage de six cents pages, dans lesquelles ils nous exposeraient l'étendue de leur immense réflexion, les raisons élevées et profondes pour lesquelles ils estiment que l'homosexualité est une maladie ou une ruse communiste ou une offense sociale ou une grave menace pour l'institution du mariage, bref, qu'ils justifient philosophiquement (puisque apparemment la "conscience" est de la partie…) le recours à cette forme rarissime de passage à l'illégalité qu'est "la désobéissance civile", désobéissance à laquelle on ne peut pas dire qu'ils recourent souvent.
Va-t-on bientôt invoquer la "liberté de conscience" pour justifier le refus d'aider les démunis, l'expulsion des clandestins, la mansuétude devant les détournements de fonds, l'interdiction de qualifier d'extrême droite un parti d'extrême droite, etc. ?
Il y avait déjà cette chose douteuse appelée délit de sale gueule. On a droit désormais au délire de libre conscience. Les deux s'unissant ironiquement au pied de l'autel. Vos gueules ne me reviennent pas, je ne vous déclare donc pas mari et mari, femme et femme… What the fuck?
Je vous propose d'invoquer votre liberté de conscience pour ne pas en venir aux mains, parce que là, sans déconner, on touche le fond.
Absolument d'accord avec vous et contre tous les aspects de cet indécrottable fond de racisme qui se pare de mots pour être présentable...
RépondreSupprimerMerci pour votre salutaire vigilance !
RépondreSupprimerJe devrais peut-être user de ma liberté de conscience pour décider à quels élèves je n'ai pas envie de faire cours, tiens.
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