Ce n'est pas facile d'écrire un livre. C'est même parfois décourageant. On a l'impression en effet que tout a déjà été dit. Qu'ajouter de nouveau? Du style? Oh mais ça, ça n'intéresse plus personne à part David Foenkinos. Oui, tout a été dit et on vient trop tard, trop las, et en plus il y les jeux en lignes, alors bon. Mais en fait : non. Tout a été dit ? Mais c'est un avantage! J'en doutais encore bêtement jusqu'à ce que je reçoive ce mail qui m'a aussitôt ouvert les yeux. On me proposait une "formation" d'un genre particulier. Voici la teneur dudit mail:
CETTE FORMATION A POUR OBJECTIF DE TRANSMETTRE LES OUTILS NARRATIFS PERMETTANT DE CONCEVOIR DES HISTOIRES À CARACTÈRE UNIVERSELS FÉDÉRANT TOUS LES PUBLICS.
Christopher V. [ je ne sais pas si j'ai le droit de donner son vrai nom…] s'appuie sur le travail exceptionnel du chercheur et philosophe Joseph Campbell qui, en étudiant les héros mythiques du monde entier, a mis en évidence le modèle commun qui structure toutes les histoires racontées à ce jour. La masterclass couvre l'essentiel de la structure narrative, des 12 étapes de l'Itinéraire du héros, des huit archétypes principaux de personnages et les stratégies pour provoquer l'implication émotionnelle du spectateur.
Bon sang mais c'est bien sûr! L'universel est fédérateur! Le Campbell dont il est question dans le mail me disait vaguement quelque chose. Ah oui, c'était le papa du concept de "monomythe", un type qui s'était cassé les dents sur Finnegans Wake et dont Kurt Vonnegut s'était gentiment moqué ("Ok. Le héros a des problèmes, le héros résout ses problèmes", et basta). Le concepteur du "storytelling". Diantre. Ça forçait le respect. Mais en fait cette formation était destinée aux personnes souhaitant développer un projet scénaristique, pas écrire un roman. Grosse déception. Ça voulait dire que, bon, bon gré mal gré, il allait falloir se préoccuper à nouveau de style. J'ai appuyé sur la touche "spam" de mon Gmail pour envoyer ad patres ce courrier déceptif. Et là, ô surprise, j'ai reçu aussitôt un nouveau mail m'expliquant qu'il existait douze sortes de spams, et huit façons de les traiter ! Puis, ô joie, je me suis réveillé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire