lundi 28 mars 2011

NSA


Never Say Anything

Big Brother is watching you ? Des yeux de George Orwell coulent des larmes dont nous ne saurons jamais la saveur. Car le Grand Frère de 84 (c’est-à-dire de 48, puisque l’avenir orwellien était une simple lecture à rebours) n’est qu’un garnement au regard de la brute épaisse qui voit le jour quatre ans plus tard sous la plume du président Truman. Non plus « big », mais « huge », et pour ce qui est de fraternel, eh bien, rien n’est moins sûr, mon cher George.

Créée par le président Harry Truman le 24 octobre 1952 à la discrète faveur d’un ordre exécutif, la NSA – la National Security Agency – is not watching you : au regard oblique, héritage de l’espionite à taille humaine, a succédé l’oreille externe, et cette fois-ci, c’est le ciel qui fait pavillon, puisque l’information n’est plus qu’une vibration de l’air, qu’il s’agit de capter, déchiffrer, classer. Le ciel ? Naguère, il grouillait d’étoiles qu’il suffisait de suivre pour s’orienter, et chacun pouvait s’improviser roi mage, rusé marin, petit poucet. Mais voilà que soudain, ou presque, de nouveaux astres envahissent ce champ de possible bataille, des astres intelligents qui nous suivent. Le silence infini n’est que le symptôme d’une écoute céleste que plus rien n’effraie.

Un document est donc signé, par un président qui a vu son mandat honoré du coup de baguette de la fée atomique. Un simple mémo. Mais si « top secret » que l’organisme dont il fut l’acte de naissance refusa de dévoiler son nom pendant plusieurs décennies, au point qu’il fut malicieusement qualifié de « No Such Agency ». Ne pas exister est, stratégiquement, plutôt un avantage. Cela permet d’encourager ce bouclier indispensable qu’est la paranoïa. Ils sont partout, ils nous écoutent, ils nous surveillent ! Bouffée délirante… Et tant pis si c’est, hum, le cas.

Depuis que Marconi a libéré les ondes, le ciel est une peau de tambour où […]


La suite dans Le Ciel vu de la terre, éd. Inculte…

1 commentaire:

  1. Un très beau texte, en effet... Où Big Brother croustille agréablement sous la dent...

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