mardi 2 octobre 2007

Les disparues


Hasard des lectures. D'un côté, Lettre à D., d'André Gorz, de l'autre (merci à Le Théope pour le tuyau…), Le Ton Beau de Marot, de Douglas Hofstadter. Gorz, en très peu de pages, au seuil de la disparition, tente de dire à celle qu'il aime combien elle l'a sauvé, porté, donné au monde. Les premières lignes ont la beauté du vrai. La suite est plus complexe, car Gorz s'aperçit à quel point il est difficile, voire impossible, de rendre compte d'un amour immense et fondateur. Un suicide commun a soudé ces deux amants il y a peu, dans l'évitement in extremis de ce naufrage qu'est la vieillesse. Dans le livre de Hostadter, tentative d'épuisement d'un poème de Clément Marot et réflexion polymorphe sur l'acte pluriel de traduire, l'auteur œuvre aussi à l'ombre d'une femme, sa femme, Carol, décédée en cours d'écriture, de vie, d'élan. Gorz, comme Hofstadter, tentent de dire, dans des registres peu comparables, certes, et au sein de projet n'ayant guère à voir, ce qu'est l'Autre. Etrangement, on a le sentiment que ce dire-là touche à l'indicible, soit que l'écueil du sentimentalisme empêche d'aller au-delà des mots, soit, tout simplement, que l'Autre tire sa force d'une vérité qui leur reste inaccessible. L'un glisse un mot sous la porte, l'autre construit un labyrinthe. Et la petite malade de Marot emporte son secret dans sa fièvre passagère.

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