Louison, bientôt 20 ans, avait concours blanc aujourd'hui. Matière: français. Ou doit-on dire: Littérature? Lettres? Choses lues? Bref, la khâgne, sa vie son œuvre. Six heures à plancher. Faut la santé. Le sujet? Je vous le livre:
"Lire signifie-t-il projeter sur le livre des valeurs déjà construites et qui sont généralement le reflet des valeurs fantasmées d'une communauté? (...) L'autre manière d'interpréter est de se détacher des considérations générales ou d'une mythique rêverie d'universalité, et de partir des singularités et du concret du texte pour y percevoir des possibilités de créer des valeurs nouvelles."
A votre tour, en vous appuyant sur des exemples précis notamment empruntés à TOUTES les œuvres du programme, vous commenterez ou éventuellement discuterez cette position qui débouche finalement sur l'idée que l'œuvre littéraire, en tant qu'elle nous donne accès à l'autre dans sa nudité concrète, nous aide à nous construire une identité non répressive et ouverte sur le monde."
On ne s'amusera pas ici à avancer une hypothétique amorce de réponse – la seule idée de se lancer dans pareil débat donne des sueurs froides. En revanche, on remarquera qu'une fois l'alternative posée – interpréter l'œuvre à la lumière de valeurs exogènes ou y chercher une mode d'individuation –, la réponse semble déjà suggérée par le concepteur de la problématique. Comme si le débat était tranché d'avance. Mais ce qui interpelle, surtout, c'est cette idée que, plutôt que nous servir de récipient à fantasme collectif, l'œuvre serait une fabrique à partir de laquelle se concocter une "identité" – non répressive, certes, et tant qu'à faire ouverte sur le monde (ouverte au point d'en adopter les valeurs fantasmées?). Intéressant, également, cette idée que l'œuvre nous conduit, à coups de pied dans la conscience, jusque devant l'autre, un autre qui plus est dans le plus simple appareil.
Mais bon. On ne va tout de même révéler à nos chères petites têtes blondes que l'œuvre non seulement s'interdit de donner accès à l'autre (éventuellement à l'autre de l'autre, et encore…), mais également ne nous aide pas à nous construire une identité mais plutôt à nous méfier comme des diables de toute identité, fût-elle aussi open qu'un bar. Une identité non répressive? Oh, le chouette oxymore!
"Sur le réel" serait déjà un tout petit moins niais que "sur le monde". Mais ce qui interpelle, surtout, c'est le fatras de la question : "débouche finalement", "nudité concrète" (nudité concrète, vraiment ?), "identité non répressive", bref, encore un qui a oublié de lire Flaubert. J'espère que les "Impressions d'Afrique" font partie des "oeuvres du programme", histoire de dépoissonner un peu tout ce galimatias.
RépondreSupprimerAu ras des pâquerettes :
RépondreSupprimer• Je suis donc je lis
ou
• Je lis donc je suis ?
C'était tout un foin, autrefois, lorsqu'on passait les examens impériaux : les jeunes garçons venus à pied de leur province (motif qui inspira nombre de contes fantastiques et érotiques : la trop belle jeune fille qui sanglote à la croisée des chemins, la trop belle maison abandonnée au crépuscule) devaient apporter leur propre matériel pour passer les examens, pinceaux, pierre à encre souvent fournis par une sorte de "parrain", ami ou cousin lointain de la famille, puis il fallait se rendre sur les lieux de l'examen où il y avait d'abord une fouille au corps, puis des inspecteurs vérifiaient que les pinceaux n'étaient pas creux, que les pierres à encre n'étaient pas trop épaisses, de telle sorte qu'au fur et mesure l'État chinois, volontiers procédurier, a réglementé la taille des pinceaux et l'épaisseur des pierres à encre. Certains affirment que les plats de la cantine étaient tellement mauvais que les candidats pas assez fortunés pour amener des pains à la vapeur étaient éliminés par la chiasse.
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