mercredi 21 novembre 2012

L'autel des cœurs brimés (sur le mariage gay)


Les mœurs évoluent, et les mentalités parfois les suivent, en traînant un peu la patte et la loi. Certes, le temps n’est plus où l’homosexualité était considérée comme une pathologie (depuis 1992 pour être précis), mais bon, force est de reconnaître dans notre démocratique société une certaine résistance à poursuivre jusqu’au bout une certaine logique sociale. Car si les homosexuels ne sont plus des malades, on voit mal pour quelle raison ils n’auraient pas le droit de se marier et d’avoir des enfants, sauf à estimer qu’ils ne sont plus des malades légalement mais que bon, personne n’est dupe, ces gens sont bel et bien du côté du pathologique, qu’ils le veuillent ou non. Un prof pédé reste aux yeux de certains un pédophile déguisé. Comme si l’obligation de défendre un droit sexuel était synonyme de l’exacerbation de pulsions sexuelles susceptibles de déraper à tout moment. C’est comme si tout père hétéro était soupçonné d’inceste dès lors qu’il a une fille. Bref, les mentalités évoluent, mais il est clair qu’elles font surtout semblant d’évoluer.
La question du mariage gay, et celle de la possibilité pour un couple gay d’avoir des enfants, est proprement hallucinante parce qu’elle est posée à l’envers. En effet, la question qu’on entend partout est la suivante: doit-on accorder le droit à des homosexuels de se marier (et d’être parents) ? Alors que la question devrait être plutôt : doit-on accorder le droit à des législateurs de décider qui a le droit de se marier ? Certes, le mariage est une institution, et ses conditions sont spécifiées dans le Code civil (mais pas dans la Constitution…). Dans la mesure où, même hypocritement, la société (le législateur ?) admet qu’un homosexuel n’est pas un malade, en quoi cette normalité chèrement acquise empêcherait ce dernier de passer un contrat qui, pourtant, semble à en croire certains une des bases de la société ?
On aurait pu penser, naïvement, qu’en permettant aux homosexuels de se marier, les promoteurs du mariage-comme-garant-de-l’ordre-social, verraient ainsi un moyen de « neutraliser », d’« assimiler » ces éléments qu’ils ont longtemps considérés comme pathologiques ou asociaux, ou du moins comme menaçant la cohésion de la société. Eh bien non, même pas. Une fois de plus, répétons-le, ce n’est pas le mariage gay qui pose problème, mais le fait que des acteurs sociaux et politiques aient le droit de décider de sa validité. Il faudrait arriver à prouver, pour justifier de ce droit, que le mariage homosexuel est séditieux, ou dangereux génétiquement, ou proche des réseaux terroristes, ou d’une couleur qui n’existe pas dans notre spectre policé. Parce qu’enfin, même si certains citoyens estiment que les pédés dénatureraient la sainte institution du mariage, estimer ne peut signifier légiférer. Côté Code civil, à part la phrase purement rhétorique qui constitue l’article 144 (« L’homme et la femme ne peuvent contracter mariage avant dix-huit ans révolus »), il n’est partout question que des « époux ». Ceux qui se sont épousés, donc.
En toute bonne logique, il faudrait que le Code civil recense expressément tous les cas de figure où le mariage est interdit. Ce qu’il fait pour certains cas (entre frère et sœur, oncle et neveu, etc). Mais nulle part il ne spécifie qu’entre homme et femme la chose est interdite. Il ne fait que le sous-entendre en disant : « L’homme et la femme ne peuvent… »
Y aurait-il une autre raison si évidente à ce tabou qu’elle nous serait inaudible, invisible ? Des personnes mariées forment un foyer fiscal, et apparemment, jusqu’à ce jour, cet arrangement ne perturbe pas la société. Cherchons encore. Ah oui, bien sûr, il y a cette histoire d’enfants. Car qui dit mariage, dit enfants. Même si, rappelons-le, la loi n’oblige pas les gens mariés à avoir des enfants, mais passons. Donc, le problème serait le suivant : des gens de même sexe ne seraient pas aptes à élever un enfant. Mais les parents ont un devoir face à l’enfant, celui de subvenir à ses besoins, son éducation, etc. Un devoir. Or le devoir est quelque chose qui découle d’un sens acquis des responsabilités envers autrui. Il n’est dit nulle part que ce « devoir » est intrinsèquement lié à l’hétérosexualité, que je sache. On peut estimer que des homosexuels sont inaptes à élever des enfants – c’est un délire comme un autre. Mais comment établir légalement que ce délire doit avoir valeur de loi ? On ne retire pas son enfant à une veuve sous prétexte qu’elle ne forme plus un couple selon les critères édictés par le Code civil concernant le mariage. Bref, une fois de plus, on se demande de quel droit on peut interdire à des gens du même sexe d’avoir et surtout d’élever des enfants en étant mariés, puisque jusqu’à présent ils ont le droit de le faire en ne l’étant pas.
On soupçonne bien une autre et vague raison, mais outre le fait qu’elle ne saurait fonder la validité d’une loi, elle paraît un peu spécieuse. Ce serait de considérer que le couple hétéro marié constitue un modèle qui a fait ses preuves de façon éclatante, tant dans la gestion des affects que dans la bonne éducation des enfants. Bon, là, franchement, on a juste envie de rire. Parce que ce n’est pas la mixité sexuelle des parents qui garantit l’équilibre d’un enfant, mais leur bonne intelligence. Un père alcoolo et une mère foldingue ne font guère le poids devant deux lesbiennes sobres et saines d’esprit, si on veut jouer à ce petit jeu.
On comprend bien que ce qui est illégal, au fond et dans le fond, ce n’est pas le mariage gay, mais le droit de restreindre le mariage aux couples hétérosexuels. Pourtant, le mariage gay continue de représenter une menace aux yeux d’une fraction de la société. Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce que les mentalités n’ont pas évolué. Parce que nombre de gens continuent à penser que l’homosexualité est une maladie. Mais surtout parce que penser que l’homosexualité est une maladie n’est pas, curieusement, considéré comme un délit de pensée. Ce qu’il devrait être, de toute évidence et en toute bonne logique. Et s’il n’est pas considéré comme tel, ça ne peut signifier qu’une chose : les personnes qui légifèrent estiment que l’homosexualité reste dans les faits une maladie puisqu’on a le droit de le penser. Et surtout, elles pensent que contrarier cette conception pathologique de l’homosexualité, ce serait s’aliéner une part de la société. Par conséquent, il vaut mieux à leurs yeux interdire contractuellement un état de fait qui n’a rien d’illégal (puisque les couples homosexuels existent hors mariage sans enfreindre la loi) plutôt que d’inscrire dans la loi cette évidence : l’homosexualité n’est pas une maladie. Autrement dit, leur attitude peut se résumer ainsi : Bah, ne nous inquiétons pas, les mentalités changeront quand elles changeront, et non quand la loi l’aura décidé. Ne nous hâtons pas. N’anticipons pas. Chaque chose en son temps. On imagine aisément ce qu’il adviendrait de l’antisémitisme s’il n’était sanctionné systématiquement.
L’attentisme a peut-être ses vertus lorsqu’il s’agit de légiférer. Sauf que dans le cas qui nous préoccupe, ce qui pose problème au niveau démocratique, c’est le droit d’un petit nombre à assurer légalement la longévité d’un délit de pensée qu’on voudrait nous faire passer pour un simple préjugé que le temps finira bien par balayer. Or ce droit devient, de fait, et en soi, un délit. Puisque : Ne pas considérer un délit comme un délit est un délit. On attend donc des maires ou des autres acteurs politiques ayant autorité sur eux, qu’ils considèrent, en leur âme et conscience, et non en leurs couilles et ovaires, l’urgence et le bien-fondé de la désobéissance civique.

6 commentaires:

  1. personnellement je m'en fiche en regard de l'application du droit et des mesures à géométrie variable selon qu'elles s'adressent aux uns aux autres relèvent plus d'une supercherie supplémentaire en édifiant un espace publicitaire avec pour visée de masquer des problèmes de fond plus importants et qui continuent de faire écran à cette vaste hypocrisie que l"on ose encore nommer démocratie qui comme tous moyens de transport des masses et des élus conduit quand ça lui chante à oublier les principes et le droit pour passer sous silence l'orgie et la débauche quand ce n'est pas la faillite et le crépuscule des sommités pensantes quelqu'en soient leur champ d'exercice bien à vous rien à cirer!égoistement et bien décidée à le rester que les homo envahissent la cité l'élargissent avec la grandeur d'esprit qu'aucun ne leur conteste

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  2. à enregistrer les embardées et les fins de non recevoir des instances qui tentent de gouverner ce bateau en détresse ,cachant à peine le deliquescence de leurs moeurs qu'attendre de réformes qui ne concerneront qu'un petit nombre de privilégiés qui s'nquiètent plus de leur droit de succession que d'éducation et pour ne pas rejoindre le front lepeniste recevez tout de meme mes doutes quant à l'intégrité psychique de nombre d'entre eux qui se je ne m'abuse dérapent fréquemment concernant la cause des enfants sans parler de tous ces désaxés duty free qui passe la douane du droit le plus élémentaire appuyés en ceci par des talents non répertoriés au patrimoine national qui veille sans relache à l'édification des masses laborieuses tout en dérogeant aux règles les plus élémentaires en cours dans ce pays où il apparait que savoir se servir de son cul sert encore une source substancielle de bénéfices migratoires en direction de paradis fiscaux et ce avec la bénediction de ministres en déficit de plaisir et émotions aussi neuves et blanches qu 'une feuille format A4 non encore imprimée; joyeuses fetes galantes à vous et à tous ces silencieux claviers qui dans l'ombre oeuvre pour une révolution tout au moins un changement qui loin d'annoncer sera remis aux calendes grecques .Impuissance pour impuissance ,préférez la corruption ,nulle embuche ne trouvera à contrarier votre bel élan littéraire qui par définition ne sera que cela.depuis tout ce temps si vous aviez du bouger un seul pion de l'échiquier hormis votre gratification numéraire méritée nous en aurions eu vent, e la nave va , bonjour à vos amis en séjour touristique ,le monde résulte de la somme agissante de tous les éléments qui le compodent en le décomposant, bien à vous je signe PD

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  3. des rigolos gouvernés par des Charlots qui d'ailleurs pretent à rire frais émoulus des urnes électorales excellent début de débutants sur le scène internatianale qui attend tous crocs dehors de se mettre sous le dent un festin annoncé

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  4. comment réformer la grande échelle quand le pouvoir des fiefs et seigneuries echappent aux controles?mystère, nébuleuses,prospectives basées sur des terrains incertains,peu fiables ,en mal de crédits. Rédiition libidinale.

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  5. vous avez raison, la question est faussée par la seule réponse que les politiques accepteront de donner (en même temps, ils ne sont pas fous...) mais je dois dire que je suis étonnée de la virulence des réactions, comme si la sexualité avait toujours été une grande source d'ordre social ... troublant.

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  6. ah... combien vous avez raison ! mais leur entreprise est gigantesque, s'il s'agit de nous faire croire que la sexualité a toujours été du coté de l'ordre social... ça va être bien, peut-être même que certains auront de grands élans mythiques. la connerie a parfois des efflorescences qui nous la rendent un peu moins lointaine, ne désespérons pas...

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