mardi 13 novembre 2012

Pour que chante le Monstre

La naissance d'une revue n'est pas une partie de plaisir. Il faut aimer se casser les dents et mâcher du charbon. Y croire. Insister, persister, et ne pas se désister dès que ça vagit, rue, piaffe. Avec beaucoup d'opiniâtreté, alors, naît le monstre. Son format le distingue des autres bambins. Il se tient debout. Et il a la gueule grande ouverte, la gueule non du bavard mais de la bouche d'ombre. Ladies & Gentlement, nous vous demandons de faire bon accueil à un nouveau venu dans le monde chaotique des revues: Le Chant du Monstre. Logique du sens: ce premier numéro fait la part belle, d'emblée, à un livre dont nous parlerons bientôt: Enig Marcheur, de Russell Hoban, publié par les éditions Monsieur Toussaint Louverture et traduit/réinventé par Nicolas Richard. Dans un long et passionnant dossier, Dominique Bordes s'explique sur sa démarche d'éditeur, donc. Il sera donc question, aussi, de soif, d'Exley, de Wallace. Mais Le chant du monstre n'est pas une revue critique. Il se réclame de l'hybridation, et le prouve amplement avec sa rubrique Alchimie où Garnier, Bullat, Vinau, Alenda nous proposent une danse des yeux, où typographie et illustrations prennent la pleine mesure de l'étrange format du Monstre – un format très années 70, quand on avait des grandes poches et l'envie que ça en dépasse. Irrévérence oblige, Fabrice Colin se penche sur le cas Foenkinos, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'en fait il nous parle d'autre chose, et pas seulement de Musso, mais avec Colin on n'est jamais en terre sainte et stable, ça on le savait déjà. Faut-il décliner plus avant le sommaire de ce fabuleux opéra qu'est ce premier numéro? Disons juste: Laurence Viallet, Kathy Acker, Pierre Senges, etc. Qui chante derrière le Monstre, au fait? Publié par les éditions Intervalles que dirige Armand de Saint-Sauveur, ce berceau de  littératologie a été lancé sur les eaux par Sophie Duc, Angélique Joyau et Céline Pévrier. Veille à son long cours, ô lecteur, ô curieux.

2 commentaires:

  1. "Non du bavard mais de la bouche d'ombre". (dixit)

    Donc plus du côté de Rimbaud que de Louis René Des forêts ?

    http://webcamus.free.fr/oeuvre/chute/bavard.html

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