"Et si la Terre était plate ? Si elle se résumait à un recto
pour vivre et un verso pour mourir ? Flip-flap, aussitôt né, aussitôt
effacé. Oui, si cette fiction ovoïde qu’on nous réchauffe depuis des lustres
n’avait d’autre but que de nous empêcher de tourner en rond ? Pourtant
nous tournons en rond, nos pas ne cessent de fouler leurs empreintes de la veille,
c’est consternant. Mais imaginons un instant que cette Terre n’ait pas plus
d’épaisseur qu’un neurone bushien, qu’elle ait au mieux la forme et, qui sait,
la superficie d’un billet vert, disons un billet d’un dollar, histoire de ne
pas lui attacher trop de prix. Peut-on voir l’envers, la lumière
traverse-t-elle la fine pellicule sur laquelle nous nous allongeons la plupart
du temps sans le vouloir, poussé par la nécessité, un crétin en jogging ou la paluche
de l’IRS?
Quelle importance si ce monde se termine par des colonnes d’Hercule ou un mur
de briques à moitié dissimulé par des poubelles à roulettes ? Personne ne
va jamais très loin de toute façon. La fatigue. L’ennui. Les ennuis."
(Extrait de Que ta volonté soit fête [Let the Party be], de Blazes J. Boylan, traduction Claro, à paraître chez Sonatine – premier roman hilarant (pas encore paru aux USA) qui conte [et compte] les désopilantes aventures d'un agent un peu trop spécial, Buster Lane, spécialiste par ailleurs des films disparus et seul individu sur terre à
pratiquer le kae zhin dhu, un art martial mythique aux techniques et aux effets
très surprenants – cet art se pratique en effet au ralenti…).
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