"Le commencement d’un livre est
pareil au mouvement du feu. Avant qu’il y ait feu, le bois, la brindille, le
papier. Un assemblage, pourtant. Que l’intention n’a pas encore tenté
d’enflammer mais déjà, bien sûr, le feu, sa représentation à la fois mentale et
physique. Avant que les doigts se referment sur l’allumette, qu’il a fallu
sortir de sa boîte, boîte qu’on a dû trouver, prendre, veiller à ne point
ouvrir retournée, c’est-à-dire tiroir béant vers le vas, avant même que le
désir de frottement – qui est contact, bruit, anticipation du miracle igné –
intervienne, le feu a commencé dans le mouvement du livre. Ce que je
veux ? Le feu. Et dans le feu, un mouvement, qui est celui du feu, et non
celui de ma volonté de feu. Je veux que dans le feu passe quelque chose, qu’il
se passe quelque chose de l’ordre (et du désordre) du feu, que le livre
advienne à lui-même par surprise, étincelle, dans les prémisses tièdes de sa
propre ignorance, hors tout rêve de brasier, mais déjà dans l’appréhension de
sa future, de son inévitable, de sa dramatique consumation. […]" (Mouvement du feu)
Pour lire la suite de ce texte pyrophile, et bien d'autres choses, ne ratez pas le nouveau (et dernier) numéro de la revue Rouge Déclic (automne-hiver 2012), vous y lirez des textes de Arno Calleja, Thomas Coppey, Philippe Dumez, Clémence Dumper, Noël Herpe, Guillaume Lebrun, Noémi Lefebvre, Alban Lefranc, Daniel Pozner, Marie Simon, Claro, Johan Faerber – et, excusez du peu, Eugène Savitzkaya. Les photos sont de Philippe Lebruman. Ça coûte 7,50€.
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