mercredi 26 septembre 2012

Le plateau d’écrivains (avec ou sans salade)


L’écrivain, à l’instar du fromage, ne doit être ni trop mûr ni trop coulant. (S’il est très jeune, mettez-le en avant lors du Salon, il partira comme et avec les petits pains du jour.) Il est également fragile, alors ne le laissez pas trop longtemps dans son coin, car il a tendance à aimer les vers, quel que soit leur nombre de pieds, et vous n’avez pas envie de voir des vers avec des pieds, croyez-moi. L’écrivain raffole des événements, qui le mettent en valeur et permettent de souligner l’excellence de sa forme et la portée de son fumet. Offrez-lui donc un plateau digne de ce nom et à la mesure de son renom. Un écrivain bien présenté est un succès garanti. Sur une table en bois, il attire le regard – vous pouvez même disposer autour de lui les quelques fruits de son travail. En bonne compagnie, vous verrez, il fera de son mieux pour qu’on le prenne en bonne part, et plutôt deux fois qu’une. Le libraire veillera toutefois à ne pas écorcher son nom et sa croûte et à le servir avec autre chose que de l’eau plate.
Mais avant d’en faire le plat de résistance, il faut qu’il s’affine. C’est là bien souvent un rôle qui échoie aux résidences, lesquelles sont nombreuses. Dans un cadre agréable, à l’abri des bises médiatiques, dûment rémunéré, l’écrivain pourra enfin donner le meilleur de lui-même et prouver si besoin est que le pain quotidien ne lui est pas nuisible.
Pour le protéger, il convient également de lui distiller les bonnes informations. Il a parfois la patte molle, quelques précautions ne sont pas donc inutiles pour l’empêcher de se décomposer sur place. Rappelez-lui qu’il a des droits, qu’il est fiscalement un salarié et que s’il ne comprend rien à rien il peut toujours appeler le Motif pour savoir si, en cas de litige – cette bactérie sournoise –, c’est râpé ou fondu d’avance.
Si l’écrivain est friand de formations, alors tant mieux, le Motif, une fois de plus, peut l’aider à maîtriser la chaîne des étapes – caillage du manuscrit, égouttage des droits, affinage de la promotion. D’un coup de spatule, vous serez dirigé vers le bon garde-manger.
Pour l’apprécier à sa juste valeur, dégustez-le à votre guise. Soit seul dans l’intimité de votre garde-livre, soit généreusement entouré de ses semblables. Dans tous les cas, gardez une poire pour la soif.
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(extrait de La Cuisine du Motif, rapport d'activité du Motif sous forme littéraro-culinaire, douze recettes au goût du jour bonjour, qu'on peut lire en ligne ici.)

3 commentaires:

  1. j'aime bien quand des gens qui visiblement sont bourrés (le fromage sans pinard c'est moins goûtu !) de préjugés, de certitudes et condescendants, font de quelques exemples une généralité sans tenir compte des variables et des paramètres inconnus !!
    je suppose que l'auteur de ce camembert littéraire est content de lui... je lui conseillerais pourtant de sortir de sa cave ou de soulever le couvercle de sa cloche à fromages pour voir comment ça se passe dans le monde réel !!
    Agnès Lambert, auteur hors plateau !

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  2. Le respect des températures de conservation me font peur!!!!

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