Vingt-deux avant la version américaine que tout le monde connaît, Hitch ébauche son premier "homme qui en savait trop". En filigrane, on reconnaît la fameuse trame, avec le coup de cymbales mais sans Daniel Gélin en djellaba. On rit beaucoup, et pas uniquement sur injonction du maître du suspens. La psychologie est souvent en mode "vous-m'en-direz-tant" et finit par donner l'impression qu'on regarde en transparence un Buñuel fantôme. Le montage est à l'avenant, comme si on battait des cartes. Bizarrement, le film est traversé par une obsession alimentaire – quand la mère parle enfin à sa fille kidnappée au téléphone, c'est pour lui demander si elle mange correctement. Fait à son tour prisonnier, le père s'attable avec les malfrats et casse la croûte. Au début du film, la fillette veut à tout prix dîner avec ses parents (après avoir gâché deux épreuves sportives, l'air de rien)… On retiendra surtout une scène d'anthologie dans une église, où se déroule un lancer de chaises stupéfiant. Il y a aussi Peter Lorre, horriblement à l'aise et ricanant. Ah, j'oubliais, il y a un méchant dentiste qui préfigure celui de Marathon Man – mais là, c'est vraiment "sans danger".
Bref, c'est very british dans l'humour – le père ne cesse de vanner même dans les pires situations. Un plan est entièrement dévolu à un éternuement complètement dépourvu de sens. Je laisse les psys analyser cette étrange fonction-atchoum. Comme quoi, il est toujours possible d'évoluer…
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