mercredi 12 novembre 2014

Gide, la daurade et les prix

Encore une bonne, une excellente, une faramineuse nouvelle:
"Le 18 octobre 2014 se sont réunis à 13 heures, au restaurant  La Méditerranée,  Place de l’Odéon à Paris, les membres du jury pour la création du  Prix de littérature André Gide."
Rappelons que ce restaurant propose en entrée des supions croustillants du littoral, sauce espagnole, chorizo et herbes fraîches (19€) et en plat une daurade royale laquée de miel, polenta crémeuse aux vieux parmesan (27 €). Je résume: fraîches les herbes mais vieux le parmesan. Mais concentrons-nous sur ce qui est vraiment frais dans ce prix pas encore vieux. En effet, le prix André-Gide récompensera un ouvrage pour des qualités qui jusqu'ici, suppose-t-on, n'entraient jamais en ligne de compte dans l'attribution d'un prix littéraire:
"Le Prix de littérature André Gide, créé et soutenu par la Fondation Catherine Gide, a pour vocation de récompenser une œuvre de langue française dont les caractéristiques seront : la nouveauté, l’originalité formelle, et un rapport exigeant à la langue."
Donc, avis aux écrivains qui n'écrivent pas des choses nouvelles, se fichent de l'originalité des formes et entretiennent un rapport peu regardant avec la langue: passez votre chemin. Pour les autres, n'hésitez pas à proposer votre livre, ça peut vous rapporter dix mille euros. Je rappelle que ces trois conditions sont nécessaires. Si vous faites preuve d'originalité formelle mais que la langue, ça vous gave, c'est raté. Si vous êtes hyper exigeant avec a langue mais que formellement vous êtes du genre ne-nous-foulons-pas-trop, même chose.

A quand un prix récompensant un ouvrage pour sa capacité à n'en mériter aucun, quels que soient les critères exigés ? Hein? Oh, on me souffle que ça existe déjà, et qu'il y en aurait même plus d'un…

3 commentaires:

  1. "la nouveauté, l’originalité formelle, et un rapport exigeant à la langue."

    j'aurais bien sur le feu un opuscule sur la langue de veau nappée au chocolat
    il y a tout : la langue, la nouveauté, la forme

    j'avais aussi pensé à des recettes de fellations gouteuses, mais pour un prix Gide, je n'ai pas osé

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  2. Encore un prix que je suis certain de lamentablement rater: trop fainéant pour aller au fond du gouffre pour en chercher, le "nouveau" me gonfle quand on le met par trop en avant (comment pourrait-on d'ailleurs exhiber quelque chose qui n'existe pas, Borges le savait déjà, alors...), "l'originalité formelle" est une notion qui veut tout et rien dire à la fois (je conseille vivement aux membres du jury de lire Thirlwell, lequel saura bien moi que moi, l'indigne, le leur démontrer), quant à mon rapport à la langue, à coup sûr sensuel, il n'est en rien exigeant, j'ai les violeurs en horreur, la langue, je l'aime
    "maîtrisée, tenue et jouissant d'être tenue", comme nous l'assénait superbement maître Michon...

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  3. En ce jour anniversaire de la naissance d'André Gide. Un clin d'oeil au merle moqueur.

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