"J’enviais les autres, hermétiquement enfermés dans leurs mystères, loin de la tyrannie des objets. Ils vivaient prisonniers sous leur pardessus et manteaux. Aucun élément extérieur ne pouvait les terroriser et les vaincre, et rien ne pénétrait leurs prisons merveilleuses. Alors qu’entre moi et le monde, il n’existait aucune séparation. Tout ce qui m’entourait m’envahissait de la tête aux pieds, comme si ma peau avait été criblée de trous. L’attention, très distraite d’ailleurs, avec laquelle je regardais les choses n’était pas le simple fruit de ma volonté : le monde prolongeait naturellement en moi ses tentacules ; j’étais traversé de but en blanc par les milles bras de l’hydre. Force m’était de constater que le monde était tel que je le voyais, jusqu’à l’exaspération, et que je ne pouvais rien y changer."
(extrait de Aventures dans l'irréalité immédiate,
de Max Blecher,
à paraître le 5 janvier aux éditions de l'Ogre –
traduit par Elena Guritanu)
En plus de nous donner envie tous les jours de découvrir ces œuvres, vous illustrez vos billets de chouettes images. Mais pourquoi ne mettez-vous pas de référence ? J'aimerais savoir qui a commis ce crâne-poulpe...
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