mercredi 19 novembre 2014

Des chiffres et parfois des lettres

En France, on traduit beaucoup, et dans ce "beaucoup", les auteurs nord-américains occupent une place importante. Mais qu'en est-il dans l'autre sens? Si l'on prend les douze derniers mois écoulés, on constate qu'environ 450 livres étrangers ont été traduits en anglais aux Etats-Unis. Sur ces 450 livres (qui ne sont pas tous des fictions), figurent une cinquantaine d'auteurs français.
Sur cette cinquantaine, hormis quelques "valeurs sûres" comme Robbe-Grillet, Henri Michaux, René Char, Victor Serge, Jean Echenoz, Pierre Michon, Yves Bonnefoy on notera la présence de quelques poids-lourds, parmi lesquels  Delphine Le Vigan, Christian Bobin, Michel Déon, Pierre Lemaître, Gregoire Delacourt, Marc Levy, Sork Chalendon, Marc Dugain, E.E. Schmitt.
Viennent ensuite quelques auteurs de qualité, qui ont élargi leur lectorat et dont les ventes sont en progression constante dernières années, comme Carole Martinez, Maylis de Kerangal, Mathias Enard, Lola Lafon, Julia Deck, Eric Chevillard. Qui d'autre? Eh bien, notons les regrettés Pascal Garnier et Edouard Levé, un poète oulipien (l'excellent Frédéric Forte),  Hélène Cixous, Hadrien Laroche, Pierre Senges (voilà qui réchauffe le cœur), Jean Teulé, Sophie Loubière, mais aussi Slocombe, Daeninckx…

Cinquante sur quatre cent cinquante, c'est pas mal, dira-t-on. Et sur ces cinquante, on peut au moins compter une quinzaine d'écrivains dignes de ce nom (tout ça est bien sûr très subjectif, mais je ne vais pas gaspiller vingt lignes pour expliquer pourquoi Pierre Senges est plus intéressant que Marc Dugain, même si bien sûr ça peut avoir son intérêt…). Donc, disons quinze sur quatre cent cinquante. Précisons que sur ces quinze auteurs, plus d'une dizaine ont remporté de beaux succès de librairie ici, et ont donc pu être remarqués outre-atlantique, par des éditeurs ou des agents, en raison de leurs ventes ou de la presse élogieuse qu'ils ont récoltés.

Il paraît en France chaque année environ 35 000 nouveautés. Quinze bon livres traduits en anglais sur trente-cinq mille, ça nous fait quand même du 0,004 %. Champagne! Ou mousseux…

5 commentaires:

  1. Très intéressant. J'attends avec impatience ton analyse des auteurs nord-américains traduits en France. Combien de bons auteurs ? Ratio par rapport à leur production ?

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  2. si svp 20 lignes sur Pierre Senges vs Dugain. Ca aide à aiguiser le goût. Merci et bravo pour votre blog.

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  3. Sauf que sur les 35 000, y a aussi les mauvais, non ? (par exemple les 35, parmi la cinquantaine, qui sont moins intéressants). Parce qu'en toute logique, pour que le 0,004% ait un sens, il faudrait que les 35 000 nouveautés soient toutes bonnes, ou alors leur retrancher les mauvaises avant de calculer le pourcentage. Bref, ce sera plutôt une aspirine...

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  4. Pierre Senges vs Dugain choix difficile tout de mêe (mais ce n'est pas le même genre)
    si la chambre des officiers m'avait emballé, ce qui a suivi m'a laisse qq peu sur ma faim

    Pierre Senges maintenant
    pour averti (car il faut savoir de qui ç cause) commencer par Fragments de Lichtenberg (verticales 08)
    évidement il faut connaitre Lichtenberg (qui avait donne un prénom aàses deux pantoufles) et qui a beaucoup produit. dont "De la Prononciation des moutons de l’ancienne Grèce" entre autres et autres ouvrages sur le paratonnerre
    ses aphorismes (cf l'édition presque complèe de chez Corti (Le miroir de l'ame, ça doit dater de fin 97 ou 98) on s'embarque tout de même pour 640 pages (à ne pas lire d'une traite, sous peine de compisser ses fauteuils)
    pour se détendre (? et changer des romans dits historiques) la réfutation majeure (quoi qui n'y a de l'autre cote de l'océan ?)
    ou encore Zoophile contant fleurette (Cadex 12) un tout petit livre qui achèvera vos fauteuils

    et puis il vous reste (entre autres) sa chronique dans le matricule des anges
    ce mois ci ça s'intitule Soares, kabbale, Talmud, Tryphon, lapin roti
    si ce n'est pas de la multiculture (en fait il s'agit d'un très bref résumé des 36 stratagèes (roman de F Fulmerford)
    je vous conseille la recette du lapin roti (d'après A Dumas)

    (désolé pour vos fauteuils à présent tous compissés (ne reste plus qu'à échanger contre une chaise percée)

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  5. 50 sur 450, oui, c'est un peu moins mal que si c'était pire, comme dirait Coluche...Mais on peut aussi se dire que:
    a) 450 en tout, c'est vraiment pas beaucoup, hein?;
    b) ce que j'en disais il y a un peu plus d'un an à ce sujet ne me semble pas, à l'épreuve du temps, si stupide que ça:
    "Il me semble, pour le dire gentiment, poliment, et avec le plus d'élégance et de sérénité que faire se peut, qu'il y a lieu de parler aussi - puisqu'il est souvent question ici de traduction, et qu'on s'y frotte même un peu - de ce qu'évoque, dans un sien article portant sur l'éthique en la matière, Maria Clara de Oliveira, à savoir ces "jeux de pouvoir entre cultures asymétriques"...

    - Et, puisqu'on en parle, combien d'oeuvres de fiction en langue française traduites en américain? Vous pouvez répéter, je n'ai pas entendu...Ah bon, je croyais qu'il y en avait tout de même un peu plus...Vous trouvez ça normal? Certes, certes, vous en savez tellement plus que moi là-dessus...Bon, ben, à la prochaine, et merci, hein! Non, non, c'était tout..."

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