"Il avait lu – ou cru lire – dans un magazine la chose suivante :
si plus de la moitié de la population mondiale – en fait, cette moitié + 1 –
fermait au même moment les yeux et se concentrait sur la négation mentale de la
réalité – la réalité de la réalité –, cette dernière cesserait alors d’exister,
puisque la philosophie nous apprend qu’elle est le fruit sans doute illusoire
de nos sens. Il avait compris – ou cru comprendre – qu’une telle chose ne se
produirait pas – pas forcément – mais qu’étant possible, elle n’en était pas
moins concevable, donc. Donc. Il rechercha longtemps le magazine où était
exposée cette idée. Il interrogea sa femme, ses enfants, même l’employée de
maison. Personne ne voyait de quel magazine il voulait parler. Il fit des
recherches sur internet, mais il était difficile, apparemment, de synthétiser
sa demande avec des mots-clés. La moitié + 1. Et s’il était, précisément,
concrètement, lui, ce « +1 » ? S’il lui suffisait, maintenant,
là, dans la cuisine, le couteau à beurre à la main, de fermer les yeux et de
nier la réalité de la réalité, celle de la tartine et de tout le reste ? Les
chances pour que la moitié de la population mondiale fasse la même chose que
lui au même moment étaient minces, certes, mais il avait également lu – ou cru
lire – dans un magazine – un autre ? le même ? – que les
probabilités, fondamentalement, étaient toujours de une sur deux, puisqu’à
chaque relance de la statistique – il n’était pas très sûr des termes –, on
repartait de zéro. N+1. Une chance sur deux, donc, s’il avait raison, pour que
tout cesse. Là. Maintenant. Ou à un autre moment. N’importe quel moment. Un
moment sur deux. Réalité, puis : non-réalité. Fermer les yeux, se
concentrer. Nier. Il aurait tant aimé retrouver ce magazine. Celui qui parlait
de la négation de la réalité et aussi celui qui exposait le fonctionnement des
probabilités. Mais le magazine qui exposait cette idée à la fois simple et
incroyable, tout comme l’autre, étaient introuvables, à croire qu’ils n’avaient
jamais existé. Il devait pourtant les retrouver. Il ferma les yeux, se
concentra."
(extrait de Combien de fois, à paraître)
Figurez-vous deux horloges ou montres qui s’accordent parfaitement Or cela se peut faire de trois manières : la 1" consista dans une influence mutuelle ; la 2« est d’y attacher un ouvrier habile qui les redresse et les mette d’accord à tous moments; la 3e est de fabriquer ces deux pendules avec tant d’art et de justesse, qu’on se puisse assurer de leur accord dans la suite. Mettez maintenant l’âme et le corps à la place de ces deux pendules; leur accord peut arriver par l’une de ces trois manières. La voie d’influence est celle de la philosophie vugaire... La voie de l’assistance continuelle du Créateur est celle du système des causes occasionnelles. Il ne resta que mon hypothèse, c’est-à-dire la voie de l’harmonie péétablie. Leibnitz
RépondreSupprimerAufhebung n'est pas religere.
RépondreSupprimerPour l'existant, d'exister est le suprême intérêt, et l'intérêt à l'existence est la réalité. Ce qu'est la réalité ne se laisse pas exprimer dans le langage de l'abstraction. La réalité est «interesse» entre l'unité hypothétique de la pensée et l'être. L'abstraction traite de la possibilité et de la réalité, mais sa conception de la réalité est fausse interprétation, car le plan sur lequel nous sommes n'est pas celui de la réalité, mais celui de la possibilité [...] Tout savoir sur la réalité est possibilité ; la seule réalité dont un être existant ne se borne pas à avoir une connaissance abstraite est sienne propre, qu'il existe ; et cette réalité constitue son intérêt absolu. L'exigence de l'abstraction à son égard est qu'il se désintéresse pour qu'il puisse savoir quelque chose ; l'exigence de l'éthique, qu'il s'intéresse infiniment à l'existence. Kierkegaard
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