mardi 17 novembre 2015

Comment rester immobile quand on est en feu

J'aurai aujourd'hui entre les mains mon prochain livre, Comment rester immobile quand on est en feu, une "anti-ode" d'une centaine de pages qui paraîtra le 7 janvier aux éditions de l'Ogre. Oui, je sais, c'est dans longtemps, mais l'urgence elle aussi aime à prendre son temps. (Et comme ce titre résonne étrangement après ce qui vient de se passer…) Immobile, donc. Mais en feu.

C'est un texte commencé il y a six ans, hors les sentiers de la narration, pour tenter d'aller plus loin dans une langue que tout chahute et électrise, qui s'accroche à la voix mais renâcle au réel, et pense pourtant qu'est politique toute tentative pour écorcher les évidences que tisse la parole. En exergue, je cite ces vers de Claudel, extraits de la quatrième Grande Ode, La muse qui est la grâce:
« Que parles-tu de fondation ? la pierre seule n’est pas une fondation, la flamme aussi est une fondation, / la flamme dansante et boiteuse, la flamme biquante et claquante de sa double langue inégale ! »
Ces vers, prenons-les comme une mesure musicale, une invitation à faire dialoguer entre elles deux aspirations en apparence contraires, l’une portée vers le temps de la grâce, l’autre attirée par le plancher des vaches. Deux régimes de langue, donc, l’une danse l’autre pas, mais toutes deux sont prêtes à en découdre. Il s’agit donc ici, aussi, d’en découdre, de découdre le langage, de faire craquer ses coutures. Comment rester immobile quand on est en feu est à la fois un questionnement – l’exercice est périlleux – et un mode d’emploi – essayons toujours… –, une entreprise de gai savoir, où l’abstrait donne des coups. C’est le langage qui parle ici, incarné dans deux voix prises entre deux feux, avec pour horizon tremblé le refus d’être dupe et la joie de résister.


3 commentaires:

  1. Il paraît loin ce 7 janvier. Mais on apprend à apprécier chaque heure... Les toulousains auront bientôt la joie de vous voir jouer ce texte. Aura-t-on cette chance sur Paris ?

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  2. Titre et couverture prometteurs.

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  3. Un très bon moment d'évasion passé pour la lecture (s')accompagnant du/le guitariste Olivier Mellano à Toulouse. Merci encore pour votre disponibilité: l'échange autour de Crash test et du machisme. La dédicace est graphiquement très chouette, réfléchir à une police d'écriture"Claro" ;-)

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