vendredi 6 mars 2015

De Charybde en Charybde

Hier, j'ai donc endossé la bure de libraire d'un soir chez Charybde. Un grand merci à tous ceux et toutes celles qui sont venu.e.s m'écouter. Pour les absent.e.s, voici la liste des livres dont j'ai parlé – certains avaient déjà fait l'objet d'une chronique sur ce blog:

Marguerite Duras, Ecrire, éd. Folio
Charlotte Delbo, Aucun de nous ne reviendra, éd. Minuit
Colette Mazabrard, Monologues de la boue, éd. Verdier
Maylis de Kerangal, A ce stade de la nuit, éd. Guérin
Olivia Rosenthal, Ils ne sont pour rien dans mes larmes, éd. Verticales
Jana Cerna, Pas dans le cul aujourd'hui, trad. Barbara Faure, éd. la contre-allée
Kate Braverman, Lithium pour Médée, trad. Françoise Marel, éd. Quidam

Sept femmes: sept livres forts. Barbe-Bleue peut aller se pendre dans son donjon. Tous ces ouvrages, vous les trouverez chez Charybde, bien sûr, même si pas mal d'exemplaires sont partis hier, ce qui est une bonne nouvelle.

Un grand merci, donc, à Hugues Robert qui a pris le temps de relire certains de mes livres et de les présenter à la fin de la séance – en particulier CosmoZ et Livre XIX, avec son enthousiasme et sa rigueur analytique irremplaçables. Hugues nous a expliqué entre autre qu'il n'était pas évident de faire rentrer le sexe dans une baguette de pain, et je crois que nous avons été nombreux à approuver. Il a été également question de mon dernier livre, Dans la queue le venin (éd. l'Arbre Vengeur), désormais plus connu sous le nom de "petit livre jaune". Merci à Anaïs et Marianne, toujours d'attaque. Merci à Nicolas Richard, Julie Bonnie, Pierre Demarty, Laure des Accords, Emmanuelle Mougne, Alain Nicolas, Yann Suty, Oliver Rohe, Isabelle Delatouche, Sally Bonn, Alban Lefranc, Jérôme Dayre, Benoît Virot, Benoît Laureau, et les autres – je ne peux tous vous citer, vous étiez nombreux – pour leur soutien et leur fidélité. Et j'ajouterai: Ne vous étonnez pas que Satan se démène pour vous occuper et vous distraire afin que vous perdiez de vue votre rendez-vous avec Dieu.

Je vous signale pour terminer que ce soir la librairie Charybde recevra Abdourahman Waberi, auteur de La divine chanson, Aux Etats-Unis d'Afrique, Pays sans ombre… Ses livres sont disponibles chez Zulma, en Babel etc.

Je vous laisse sur cet extrait du sublimissime Lithium pour Médée que vous allez me faire le plaisir d'acheter fissa parce que s'il existe bien un livre culte au monde, c'est celui-ci:

"Ses cellules étaient ancienne, m'expliquait-il. L'amibe originelle s'agitait en lui. Un poisson luttait pour faire naître ses poumons. Un amphibien était rejeté sur un rivage primitif et s'accroupissait au soleil, aveuglé, cherchant sa respiration. Le climat changeait. Les mammifères se précipitaient dans un monde nouveau. Une bête sauvage misait le tout pour le tout et descendait des arbres, délaissant la forêt amoindrie. La bête n'était ni rapide ni bien armée. Elle se nourrissait de charognes. Elle mangeait ce que les autres animaux laissaient derrière eux. Elle était, depuis le début, une créature innommable. Avec le temps, se rendant compte de tout son potentiel, elle était devenue homme."

4 commentaires:

  1. Lithium pour Médée.......
    bizarrement, je ne suis jamais arrivé à rentrer dans le texte (mais je vais ressayer, promis)
    c'était à une époque où j'ai lu tous les Médée ou presque
    suite à une reprise de celle de Corneille au théatre (superbe texte)
    et la toison d'or du même (ouais sans plus)

    j'ai relu celle de sénèque bien sur....
    et puis (sans ordre, je ne me souviens plus trop bien)
    celle de Hans Henny Jahn (grand auteur s'il en est .....) un grand texte aussi la femme et l'homme, le barbare et la civilisation, avec une médée mulatre (en 26, en allemagne...)
    le manhattan medea de Dea Loher, autre allemande, autre médée américaine
    puis les médée théatrales
    de Max Rouquette
    de Franz Grillparzer

    et le matériau pour médée de Heiner Muller (superbement chorégraphié)
    et medea de pascal Quignard aussi chorégraphié
    le médée kali de laurent Gaudé, on rechange de continent et de tendance, c'est après la mort des enfants de médée, sur les bords du gange....envoutant (c'est le mot )

    le Medea de Christa Wolf, superbe bouquin a couverture jaune dorée , la encore c'est l'étrangère qui inquiète et qui se trouve face aux trahisons diverses (on ne lit pas assez Christa Wolf)

    un mythe finalement superbe, malgré le meurtre des enfants (est ce leur sauvegarde ?), celui du meurtre de pelias (qu'elle fait bouillir (en fait elle fait faire bouillir) dans un chaudron, tout comme elle avait fait bouillir un bélier, substitué en fin de cuisson à un agneau, le mythe de la jeunesse retrouvée)
    ou le meurtre tout au début (après le vol de la toison d'or) de son frère, qu'elle jette par dessus bord, morceau par morceau, pour retarder son père, qui ramasse les morceaux...
    tout cela c'est beau comme du théatre antique...
    finalement un bel hommage pour la journée de la femme

    tant qu'on en est aux mythes et autres antiquités
    lisez le Chant d'Achille de Madeline Miller (Albin Michel 224 p, traduction C Auché, ça vient de sortir)
    Achille et Patrocle leur jeunesse, leur éducation (pour eux aussi faite par le centaure Chiron, tout comme Jason) la guerre de Troie en mouvement accélèré.
    et surtout la relation entre les deux hommes (ou l'on apprend entre autre que Patrocle c'est l'anagramme de Cleopatre)


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  2. La théorie du genre expliquée par l’exemple

    Désolé, cher Claro, mais je n’ai pu résister, surtout aujourd’hui pour la journée de la femme.

    Prenons un exemple simple : CERVEAUX et CERVOS
    On a reconnu dans le premier cas, ce qui désigne l’assemblage (male) de neurones et de synapses qui nous permet de penser, lire, traduire, etc…. On le trouve en littérature (est ce bien le terme ?) dans la bouche d’un ex président (« moi qui ait deux neurones…. »). C’est en fait un ensemble de matière blanche et de matière grise.
    De même, cervos, tout aussi male, qui désigne l’intelligence artificielle. Le OS étant pour operating system. On le trouve de même dans la littérature (« la semaine prochaine, mon psy m’a conseillé de faire une sauvegarde et de m’installer la version 17.3 (celle qui supprime le bégaiement) ) (ceci pour les fanas de Ray Kurzweil « The Singularity is Near » (en français Humanité 2.0)).

    Passons à la version femelle, et là on trouve CERVELLE et sa définition
    Matière blanche et grise, souvent au beurre et avec capres.
    Et ses deux variantes
    l’une, spécialité lyonnaise, à matière blanche et verte, ou CERVELLE DE CANUT
    la seconde, archaïque à matière blanche et rouge, ou CERVELLE DE C.G.T (orthographe sémitique, sans voyelles)

    Bref on aura compris l’essentiel de la théorie du genre. Tout le reste n’est que littérature.

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  3. Encore un grand moment que j'aurai loupé, mes rendez-vous avec Dieu sont décidément très contrariés !
    Merci pour les références en tous cas.

    Big Up à vous et à Charybde !

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  4. Je regrette de ne pas avoir pu venir, être présent dans mon petit coin parmi les anonymes (comme ce fut le cas lorsque tu te chargea pour la première fois de la lourde tâche de "libraire d'un jour", et qui reste dans ma mémoire comme un beau moment de littérature et d'amitié) Je le regrette d'autant plus que, même en sachant que je n'aurais figuré dans tes remerciements que parmi "les autres" (nombreux, oui, et c'est bien), cela m'aurait permis de t'assurer, une fois de plus (et je ne suis pas sûr qu'il y ait, hélas, tant que ça à venir) de mon "soutien et fidélité"...

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