Comme vous le savez peut-être, le Salon du Livre c'est bientôt, de jeudi à lundi pour être plus précis. Je serai présent pour ma part le 80ème jour de l'année du calendrier grégorien, autrement dit samedi 21 mars, à partir de 14h21, et ce sur le stand de l'Arbre Vengeur, qui sera situé en P57 – à ce propos, je signale à l'éditeur qu'il a oublié de fournir cette précision sur son site, précision indispensable et qu'aucun GPS n'indiquera a priori. Je signerai mon dernier livre paru, Dans la queue le venin, ou du moins je serai assis un certain temps devant une pile dudit ouvrage au cas où.
Je vous rappelle que le Salon du Livre est une grande fête sympathique et conviviale, pleine d'entrain et de papier. L'entrée est payante, le plan vigie-pirate à son acmé, en plus c'est non-fumeur, les enfants renversent tout, d'immenses files vous empêchent d'aller d'un endroit à l'autre, les toilettes sont hyper loin de tout, ça grouille d'écrivains qui passent à la télé – bref, c'est l'éclate. Vous y verrez des stands déserts, des auteurs déprimés, des assiettes en carton pleines de crackers moites. Des piles de best-sellers dont les couleurs ressemblent à des fringues des années 80. Mais bon, avec un peu de chance, vous apercevrez aussi "une jeunes fille timide qui joue de son ombrelle et attend, languide et rêveuse, que vous fassiez le premier pas" (je ne m'en lasse pas, décidément…)
Bon. Voyons le bon côté des choses. Des éditeurs, des vrais, seront là, en chair et en os, tous ceux ou presque dont je vous parle sur ce blog depuis des lustres, ceux qu'on appelle les "petits éditeurs" mais qui publient tant de grandes et belles choses; ils ont parfois juste un bout de table, mais c'est un coin qui vaut de l'or (et pas seulement à cause du prix de la location du mètre carré, merci Reed Exposition). Et en compagnie de ces éditeurs souvent fous et inconscients (mais heureusement compétents), des auteurs, qui n'attendent aucune cohue, mais qui seront ravis de voir leurs vrais lecteurs.
Le Brésil sera par ailleurs à l'honneur – pas moins de quarante-huit auteurs invités!
Je résume: ce week-end, il fera moche et froid, ce sera le printemps et le Salon du Livre compte sur vous.
Pas vraiment sûr d'avoir envie d'y remettre les pieds, je préfère de très loin rencontrer les auteurs que j'apprécie en librairie... et puis j'ai déjà mon exemplaire du dernier Claro ! (et du dernier Ferrari depuis hier soir, il a bien failli me faire passer une nuit blanche, comme à l'époque de mes lectures - que dis-je, de mes dévorations ! - adolescentes...)
RépondreSupprimerMoi, avec les 12 euros qui coûte l'entrée au Salon du livre je vais aller chez Gibert m'acheter "L'intégrale des haïkus" de Bashô dans la collection Points Poésie (474 pages, 9 euros) et dépenser les 3 € restants chez Boulinier ou chez Rieffel (15 rue de l'Odéon) - où les poches sont à 1 €.
RépondreSupprimer(L'un des plus grands mystères de l'univers, comparable à celui de sa matière manquante, est pour moi le fait qu'il faille payer - et cher - pour aller acheter dans un Salon quelconque. Qu'il y ait des gens qui payent pour pouvoir acheter. Mais vue la lobotomisation générale des consommateurs après un demi-siècle de capitalisme effréné, peut-être qu'un jour les gens trouveront normal de payer l'entrée au BHV ou aux Galeries Lafayette...).
Au train où vont les choses, les humains trouveront bientôt tout à fait normal qu'un compteur (payant, faut quand même pas déconner !) soit greffé sur tous les nouveaux-nés dès après leur cri primal pour pouvoir les taxer ensuite sur l'air qu'ils respirent... on peut même envisager différents tarifs proportionnels à la qualité de l'air respiré, les fauchés crèveront jeunes intoxiqués par toutes les merdes de l'air des zones polluées, les plus riches pourront s'offrir le luxe d'une brise de mer ou l'air pur - mais ténu - des cimes enneigées !
SupprimerMais Pablo, tout le monde sait qu'après avoir payé 12€, ou 6 en leur faisant croire qu'on est étudiant, on va braquer pour 100 de livres tout neufs qui finiront sinon au pilon à la fin du Salon, parce que ça coûte moins cher de les détruire que de les faire acheminer à nouveau (vérifiez si vous ne me croyez pas). Amis bibliophiles, fauchés comme faucheurs, visitez L63.
RépondreSupprimerMême pas de tarif réduit pour les traducteurs, même ceux à temps partiel, qui survivent par un coup l'amour, un coup l'eau fraîche — et quand le vent est favorable, un poème inédit, en prose si la lune le veut.
Le salon, on le sait depuis les Refusés, est essentiellement bourgeois.
Je suis allé au Salon du livre pendant des années, à une époque où, en plus de jeune (et donc, pas encore écoeuré par le monde de l'édition), j'étais traducteur et je connaissais des éditeurs, des agents littéraires ou des auteurs qui me donnaient des entrées. Je n'ai pas le souvenir d'avoir reçu des livres...
SupprimerD'ailleurs, dans les comptes que j'ai fait plus haut j'ai oublié d'ajouter aux 12 € de l'entrée, les 2,80 € du "voyage" (2 tickets de métro) plus le sandwich-boisson-café ou thé (à un prix "salon", bien sûr). Total: plus de 20 €.
Samedi dernier, aux Puces (où je vais très souvent - à pied), j'ai acheté la "Poesía completa" de Neruda (en 2 vols. de 700 pages chacun dans une édition que je ne connaissais pas - Noguer, 1974), plus 3 livres de poche, plus les 14 cds (sans la boîte ni le livret) de la 3eme intégrale d'orgue de Bach enregistrée par Marie-Claire Alain, pour 18 €... TTC.
De toute façon, ce n'est pas une histoire d'argent. J'avoue que même gratuitement (et avec les frais de taxi payés) je n'irais pas. Pour voir ou acheter des livres, je préfère de beaucoup flâner aux Puces ou dans les 3 ou 4 librairies d'occasion que je fréquente depuis plus de 30 ans que d'aller dans un endroit où la quantité de vanité par mètre carré le rend étouffant.
Koenig ,le Point actif,sera en train de se caresser l'Amazon(e) pendant ce temps.
RépondreSupprimerJ'y suis allée des années comme "une jeunes fille timide qui joue de son ombrelle et attend, languide et rêveuse, que vous fassiez le premier pas"(mais j’étais alors encore jeune et belle).
RépondreSupprimerJe passais et repassais devant les stands de mes écrivains fétiches, j’approchais, tripotais les livres ..sans jamais aller oser leur parler, même quand ils étaient seuls devant leur piles, j'ai des souvenirs cuisants à ce sujet ..
Je suis tout sauf timide dans la vie et j’aborde à peu près tout le monde de la même façon , qu’il soit puissant ou misérable, et je suis rarement impressionnée par autrui, mais avec les « écrivains »: paralysie totale, silence radio, que celui ou celle ci soit vieux ,jeune, moche ou beau je suis comme un enfançon bégayant.
Donc cher Claro, même si je devais aller au salon du livre et passer devant vous, je ne viendrais pas vous parler et je le regrette bien…(et vous pouvez aussi le regretter bien que, frisant la ménopause, je ne sois plus ni très jeune ni très belle..)
La ménopause ne fait pas encore partie des critères de sélection de mon lectorat.
RépondreSupprimerMerci d'avoir exposé, en préambule comme dans le corpus,, en long, en large et en travers, avec ton talent habituel, ton ironie nourrie à la soude caustique et ta fine connaissance du microcosme jouissant pour une fois sans vergogne de sa "foire aux vanités", TOUTES les raisons possibles et imaginables de ne pas y mettre les pieds, ce que je faisais avec constance depuis 2010, ce que j'ai encore faite cette année...Les petits éditeurs et leurs livres, je sais heureusement où les trouver sans que j'aie à m'y rendre, et c'est très bien ainsi...
RépondreSupprimerCe qui ne me dispense guère du respect des plus élémentaires règles de grammaire: "ce que j'ai encore fait cette année" (et pas "faite", bien entendu)
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