vendredi 17 janvier 2014

Cannibale Lecteur, le retour

A paraître le 24 janvier aux éditions Inculte, ce recueil d'essais intitulé Cannibale Lecteur, dont on peut dozédéjà vous offrir en pâture le quatrième de couverture:

"On peut juger de la beauté d’un livre, à la vigueur des coups de poing qu’il vous a donnés et à la longueur de temps qu’on met ensuite à en revenir » : cette phrase de Flaubert, qui fait de la lecture une empoignade, dit assez clairement ce dont il s’agit ici : non pas simplement évoquer des livres, mais tenter d’écrire depuis leurs turbulences.

Car les livres – ceux qui « brisent la mer gelée – ne se contentent pas de nous transformer et de résonner en nous. Grâce à eux, nous quittons la langue commune pour apprendre d’instables dialectes et comprenons enfin ce que voulait dire Beckett quand il parlait d’échouer mieux. On croisera anciens et modernes, ogres et paladins, Butor et Tarkos, Claude Simon et Imre Kertész, Chevillard et Volodine, Jérôme Ferrari et André Hardellet, mais aussi Hélène Bessette, Pierre Michon, Thomas Bernhard, Ramón Sender, Jonathan Littell, etc.

Le clavier étant par ailleurs cannibale, le lecteur aura droit également à quelques exercices de dévoration, notre époque n’étant guère avare en nouvelles « têtes molles » : quelques coups de griffe, par-ci par-là, mais pas que pour rire de certains caniches littéraires : pour mieux retourner dans l’ombre des grands fauves – ainsi Faulkner, Céline et William Gass viennent-ils clore ce fiévreux diorama d’une certaine littérature contemporaine."


7 commentaires:

  1. Ici et plus bas, vous nous donnez du grain à moudre. Je vais rechercher mon moulin (oui, des "coups de poing", c'est bien ce que m'ont donné certains des auteurs que vous citez - il y en a que je n'ai pas lus).

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  2. Maxime LILENFELD17 janvier 2014 à 15:12

    Quel magnifique bateleur!!! :):) Créer de l'impatience, ça, c'est de la maîtrise du supplice!

    Bon! Bien vendus la carte et le menu!
    J'attends de voir ce que seront ces tranches de l'art de têtes.Je me risque à faire confiance au constructeur du môle-maison pour que ce ne soit pas une vaine pâture à pâtir. Attendre en position de métafiction!
    Et tandis que j'agonise dans le sanctuaire, le bruit et la fureur d'une sonate cartésienne entendue il y a longtemps dans le tunnel du coeur de ce pays me viennent à l'esprit. N'est-ce-pas Sartoris avec ses amis les larrons descendus comme Moïse du hameau, avec chacun une rose pour Emily à la main et hurlant: Absalon! Absalon! ?. Dans cette lumière d'Août, auréolés par les moustiques, ces intrus invaincus, avancent vers le domaine des palmiers sauvages récitant maintenant la parabole de la monnaie de singe. Ils déposent les pétales des fleurs comme des étendards dans la poussière au pied d'un pylône. C'est, pour Sartoris la clôture de son idylle avec le désert. Emily s'en est allée. Lui, il repartira vers la ville où le Docteur Martino Mus Noir lui a signalé l'apparition soudaine d'un arbres aux souhaits dont la gardienne Evangeline lui remémore qu'il ne pourra plus rester là que s'il oublie Jérusalem pour toujours. Jérusalem où Elmer, le père Abraham lit encore et toujours:essais,discours et lettres ouvertes au coucher du soleil à des marionnettes autrefois caïds de grande envergure.

    Sinon, il lui faudrait, avec son guignol's band, entamer un voyage au bout de la nuit, errer d'un château l'autre, dans l'espoir de revivre par le biais d'entretiens avec le professeur Y qui sait si bien parler d'Emily, une féerie pour une fois. Il perd le nord, pris dans un trépidant sabbat-rigodon saturnal où se gagnent selon la faute, une mort à crédit pour les plus lents,un casse-pipe pour les plus lourds. Toutes sanctions consignées scrupuleusement dans le carnet du cuirassier Destouches au milieu de soupirs pour une autre fois. Un vrai agité du bocal qui préfère souvent coucher sous le pont de Londres par peur de se voir voler ses écrits polémiques sur les secrets dans l'île aux ballets sans musique.

    Je croyais ne plus me rappeler ces évasions anciennes de la cellule enfance en solitude, et c'est pourtant cette Sonate cartésienne qui me revient là maintenant. Avé le Type! Avé pour ces voyages en mémoire que vous nous infligez comme ça au débotté! Un vrai phare de police en pleine poire!
    Je ne vous salue tout de même pas! :):)

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  3. Difficile d'en placer une après l'abscons torrent qui précède, je dirai seulement que tous les écrivains par toi cités dans l'article (sauf deux) occupent une place de choix (certains, tels Michon, toute particulière) dans le petit et modeste Panthéon que chaque lecteur finit par se forger au long du temps... Tous, sauf deux, disais-je, qui, pour des raisons tout à fait différentes, m'ont toujours tenu à une incommensurable distance...

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  4. Elisabeth à Grandville21 janvier 2014 à 17:30

    Moi, je n'avais pas tout compris monsieur André. J ai lu et relu jusqu'à ce que mon fils lycéen en série Littérature me fasse comprendre que ce que vous appelez le torrent abscons était une utilisation de titres de livres pour faire un texte.je croyaisque c'était juste un truc comme ça.Et du coup j'ai encore plus aimé l'article en titre. Je découvre dans ce site beaucoup de livres à lire mêlme si je ne comprends tous les conseils.

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  5. Je crains, madame, que vous n'ayez pas très bien compris, pas plus que votre fils: ce que j'appelais "l'abscons torrent" n'était rien d'autre que le long commentaire qui précédait le mien, et en aucune façon l'article auquel nous faisons tous allusion et qui, comme bien d'articles de ce remarquable site, est une mine d'informations commentaires, analyses, coups de cœur et de griffe, d'une richesse et d'une qualité rares!

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  6. Je me délecte de cette lecture. Même si on ne connaît pas l'auteur dont il est question, le propos séduit par l'écriture (et on a envie de connaître l'auteur dont il est question). Naturellement, j'ai commencé par la fin, une pure réjouissance.

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