Le
mercredi 16 mai, à 19h, la librairie Charybde (129 rue de Charenton,
75012 Paris) aura le plaisir d'accueillir ELENI SIKELIANOS, de passage à
Paris. En compagnie de ses traducteurs Claro et Béatrice Trotignon,
l'écrivaine américaine nous parlera du poignant Livre de Jon (Actes Sud), et de son magnifique Poème Californie
(Editions Grèges). "Une occasion rare de rencontrer une auteur
atypique, baignant depuis l'enfance dans une impressionnante
multi-culture littéraire, et capable d'en extraire régulièrement de la
force et du sens" (dixit Hugues Robert, un des libraires de Charybde, qui en parle également sur le site senscritique).
On lira des extraits de son œuvre, on parlera de l'absolue nécessité de
la poésie, on trinquera aux "étoiles ténébreuses, censées dispenser la
nuit"…
Le Livre de Jon
est un scrap-book poétique et mental, où les membres épars du père ont
droit à une ultime charade, un anti-portrait fait d'éclats et de fils,
où les souvenirs sont traités comme des pulsations, où le verbe ne
cherche pas à dire mais à traverser, effleurer, secouer. Au cœur du
deuil de l'exhaustive mémoire, l'auteur traque non pas le père mais son
empreinte fracturée dans l'enfance et l'absence. Jon, comme autant de
versions de lui-même, partagées ou inconciliables, distant à soi, à la
fois tourbillon tourbillonnant à l'héro, rêveur impénitent, ludion fâché
avec la permanence et la volonté, point devenu confetti dans la
nouvelle parade géométrique orchestrée par Eleni Sikélianos.
Le Poème Californie, dont une partie était déjà parue dans le recueil Du soleil, de l'histoire, de la vision,
est un poème-monde dont la traductrice, Béatrice Trotignon a su nous
rendre la dimension baroque et charnelle. Géographique par sa matière
mais épique par son ambition, Le Poème Californie est un de ces livres inépuisables sur l'Amérique, comme le célèbre Mobile
de Michel Butor, un livre bousculé et whitmanien, "libre et ondoyant",
tout en cadences et scories, où plantes et bêtes ne cessent d'échanger
leurs intensités:
"Instructions: Ecris la scène de la mort du personnage, le personnageCalifornie, quelles seraient les penséesdu Personnage Californie, quelleaigrette s'envolantdu lac, quel regret?"
(Eleni
Sikelianos est l'arrière-petite fille du grand poète grec, Angelos
Sikelianos. Elle est aussi l'épouse du romancier Laird Hunt, que publie
Actes Sud.)
Fan de toujours de Sikelianos, je serai (en faisant confiance au côté optimiste du futur du temps) à Charybde, pour elle, et pour ses traducteurs...
RépondreSupprimer"What are we doing here? All
our movements and actions
are helping or hindering
the dead"
La cause des regards, c'est lui, qui installe, à chaque fois, sur la plage une tapisserie murale de Sétif dont le tissage
RépondreSupprimerdécrit une fantasia, il délimite ainsi ton territoire d'enfant sur la plage, tu prends place sur le tapis qui te protège
du sable, abritée sous le parasol en attendant sa permission d'aller te baigner dans la mer, l'élément où tu es le
plus à l'aise.Tu as appris avec cette fantasia à installer, à lire une image et dessiner les vitesses.
La Cause des portraits (Ko du jeu de Go, symbole infini des éditions P.O.L), c'est lui, le défunt dont il te reste
une fantasia sur les plages et son addiction contre laquelle tu n'as rien pu mais au moins tu ne connaîtras jamais
le coup de foudre, cet emportement qui te soumet à un autre ou une autre, tu en es incapable. Même très
entourée, tu es seul(e), comme Virginia Woolf, au bord du l'étang. Tu n'as cessé d'écouter après le décès
du défunt, La Passion selon Saint Jean de Bach dans une version très baroque et Take me into your skin,
The Last Resort, de Trentemøller. Ombre, ensemble vide de ce qui n'est plus chair pour toi.
Tu ne pourras pas aller à cette rencontre proposée et tu sais déjà que tu manqueras quelque chose, tu as, au
même moment, un rendez-vous prévu depuis longtemps avec un "fond of abbey" qui a foi en l'Art et l'Histoire.