Mystère de la promotion… énigme du lancement… et règne du vroum-vroum ! En parcourant un hebdo féminin, voilà qu'on tombe sur une de ces fameuses pages intitulées "communiqué", terme qui, par sa beauté simpliste, désigne une forme de pub élaborée qui ne se borne pas à la simple exhibition d'un produit, croit-on savoir. Ledit communiqué laisse, précisons-le, pantois. De quoi s'agit-il? Un coup de pub multiplié par deux! Lisez vous-même:
"Renault vous offre en avant-première la nouvelle inédite de Véronique Ovaldé 'Réjouissez-vous!': lisez vite la vie de Rose Lapeyre, un véritable petit guide 'anti-morosité' à l'usage de tous! Salutaire! Renault soutient la littérature et inaugure avec 'Réjouissez-vous!' la nouvelle collection Carte blanche littéraire à paraître chez Albin Michel. Un premier titre sur le thème de l'optimisme et la joie de vivre à l'occasion du lancement de la Nouvelle Twingo."
En prime, on a droit à un extrait de la pimpante nouvelle – 37 mots… – et un entretien avec Véronique Ovaldé, qui nous explique en quoi la Twingo est, pour son personnage, un symbole d'anti-morosité. Alors forcément on tique. Parce que, bon, je veux bien que Renault soutienne la littérature, c'est son droit, à défaut d'être sa fonction, même si franchement la littérature devrait pouvoir survivre sans l'aide d'un fabricant d'automobiles. Mais là, ce qui se passe sous nos yeux a priori blasés, c'est le contraire. C'est la littérature qui aide Renault ! On n'attend pas de l'heureux propriétaire d'une Twingo qu'il se rue sur les œuvre d'Ovaldé, bien sûr que non, en revanche il est clair qu'on espère que le lecteur d'Ovaldé soit titillé par l'envie de rouler en Twingo – selon ce sacro-saint principe publicitaire qui veut qu'une femme donne envie de s'acheter une voiture. Le communiqué, d'ailleurs, nous donne plein de détails techniques sur la Twingo, alors que côté Ovaldé, on saura qu'elle a eu deux prix, mais on ne nous précise aucun titre de ses ouvrages… Ah pardon, j'oubliais, on apprend que Véro signera son livre de 15h à 17h à l'Atelier Renault des Champs-Elysées. On l'imagine déjà, penchée sur la page de garde, en train de suçoter l'embout de son stylo, entourée par de rutilantes Twingo sentant bon le skaï et le plastique.
Je crois savoir que Véronique Ovaldé gagne bien sa vie avec ses livres. Quel besoin a-t-elle eu de se lancer dans cette croisade à quatre roues? Possède-t-elle même une Twingo? A-t-elle même le permis de conduire? En tout cas, elle a le permis de vendre, ça ne fait pas un doute. Le papier au secours du pneu, il fallait y penser. D'autant plus que, dans son entretien, Véro s'explique sur sa démarche:
J'aime ce type d'exercice. Cela m'amuse et me délasse. Ecrire un texte sur l'optimisme était une gageure pour moi.
Euh, comment te dire, Véronique, mais l'exercice ne consistait pas à écrire un texte sur l'optimisme, il consistait à faire de la pub pour Renault. Personne ne te l'a dit? Ah mais quels cachottiers ces éditeurs! Enfin, maintenant, on sait au moins qu'un écrivain à pieds qui n'aime pas communiquer, c'est morose.
La misère c'est pas possible... J'y crois pas.
RépondreSupprimerVéro qui roule n'amasse pas mousse, elle amasse par contre...(mais non, Simone, je ne l'ai pas dit!...)
RépondreSupprimerSon dernier roman, "Personne n'a peur des gens qui sourient", encensé par la critique, est au degré zéro de la littérature. Pas une pensée qui ne soit déjà morte, pas un agencement de mots qui sonne ou résonne. Le problème n'est pas tant qu'elle se vende mais qu'elle nous escroque - et toute la corporation avec elle, faisant passer vessies pour lanternes. (Une "littérature anti-morosité", non mais je vous jure... A se flinguer.)
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