Comme chacun le sait, un effrayant tsunami marxiste risque de dévaster notre beau pays dimanche si François Hollande l'emporte sur le maire de Neuilly-sur-Seine. Une fois de plus, la France a peur. La France a peur, et les banques n'en parlons pas. Prenons un exemple: le groupe Cheuvreux. Cette filiale du Crédit Agricole est le premier broker indépendant en actions européennes, et dispense ses conseils à environ 1200 investisseurs institutionnels (ce qu'on appelle pudiquement des fonds de pension…). Début mars, Cheuvreux est monté au créneau dans une note interne à l'intention de ses partenaires pour les rassurer:
"Ne vous inquiétez pas en cas de victoire de la gauche, nous lui imposerons notre programme."
Voilà qui a le mérite de la clarté. Mais Cheuvreux (Crédit Agricole Group) se fend même d'une explication détaillée, daté du 8 mars 2012, que nous reproduisons ici verbatim:
"François Hollande va devoir déplaire soit aux marchés financiers, soit à ses électeurs, puisqu'il est certain de ne pas parvenir à réconcilier les deux. Prévenu des risques d'exaspérer à la fois les marchés financiers et l'Allemagne, Hollande sait qu'il cèdera finalement à leurs demandes… La nécessité d'une libéralisation du marché du travail est le résultat direct d'une appartenance de la France à la Zone euro, aussi ne peut-on avoir l'une sans l'autre… Donc, la seule question est de savoir si François Hollande va ne serait-ce qu'essayer de respecter ses promesses ou s'il va de lui-même revenir dessus aussitôt élu. Le bon sens lui conseillerait de mener cette libéralisation du marché du travail tout de suite. La pression des marchés devrait être une incitation suffisamment puissante pour qu'il évite de jouer à des jeux stupides avec les marchés."
No comment, a-t-on envie de conclure. Mais retenons quand même, dans cette prose sûr d'elle, une expression qui pourrait presque faire sourire: "jouer à des jeux stupides avec les marchés". Oui, franchement, François Hollande, soyez sérieux, que diable ! Pas d'enfantillages ! Ce n'est pas un jeu ! Vous êtes prié d'aborder les marchés avec la rigueur de… de… de… Madoff ou de Kerviel.
Hum, je retourne à mon bas de laine. Bon samedi.
« PARIS (Reuters) - La meilleure chose pour le Crédit agricole serait probablement de fermer purement et simplement Cheuvreux, mais cette solution semble improbable, ce qui laisse un nombre limité d'options à la banque verte pour régler le problème de sa filiale de courtage en difficultés.»
RépondreSupprimerNouvelobs, 25/4 ;-)
le monde est un billet qui se dessèche à tous les vents
RépondreSupprimer