Il n'y a que les écrivains pour défendre les causes perdues et chanter les louanges des pires crapules. Leur aveuglement est à la hauteur de leur goût du scandale. Choquer l'emporte toujours chez eux sur la nécessité de peser ses mots. Car enfin, que penser du texte suivant? Sous ses dehors bien léchés, il n'en fait pas moins l'apologie des maîtres d'une honteuse servitude. Chacun se fera une opinion, mais ce qui est certain, c'est qu'on n'apportera point ses suffrages à une telle prose:
"Les maquereaux nous appellent et il faut convenir que leur présence est à Paris l'un des plus grands charmes du printemps. [Il] a cela de commun avec les bonnes femmes qu'il est aimé de tout le monde. Devenu nécessaire à tous, il est bien reçu partout. Le bourgeois et l'homme opulent l'accueillent avec le même empressement; et si les illustres maquereaux ont seuls le privilège d'être admis à la table des grands et des riches, ceux d'un ordre inférieur s'accommodent très bien de celle du pauvre. Enfin, les deux sexes le recherchent, et il plaît aux jeunes gens comme aux vieillards."
Peut-on pardonner, voire tolérer ce type de propos? J'en doute. Et Grimod de La Reynière – car c'est lui l'auteur de cet éloge inadmissible – a beau nous dire un peu plus loin qu'on accommode à la perfection le maquereau "en gras après avoir fait suer du jambon, et les avoir arrosés d'une bonne essence lorsqu'ils sont dressés" – méthode "extrêmement succulente, et même aphrodisiaque"… – nous ne sommes pas dupes. Nous avons appris à lire entre les lignes. Nous savons ce qui se passe en cuisine. Et le fait que Grimod de La Reynière aborde juste après la question du pigeon ne fait que nous conforter dans notre première impression…
Génialissime ...
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