vendredi 4 avril 2014

Vendre plus pour écrire moins: Musso Fixot Gogo

C'est bizarre les best-sellers. Ça fait le bonheur des éditeurs, et pourtant, ces derniers semblent avoir une piètre opinion des auteurs qui les pondent. Prenez Guillaume Musso, qui est publié par Bernard Fixot. Son dernier roman – Central Park – a bénéficié d'un tirage de 900 000 exemplaires. On espère pour l'éditeur qu'ils seront écoulés, car quand on sait que le dernier roman de JK Rowlings, paru chez Plon, a fait un bide (tout est relatif…) et s'est pris 60% de retour dans les gencives, on est en droit de frémir. Il faut dire que la maman du petit Potter a vu ses chiffres de ventes stoppés net par l'apparition d'une cinquantaine de nuances de Gray. Pour l'éditeur de Musso, il s'agit de ne pas lambiner, car le spectre du prochain Darth Marc Vador Levy se profile déjà à l'horizon. Le plan média est donc d'importance. C'est quoi un plan média? Ah mais c'est surtout parler du plan média. Autrement dit, faire en sorte que toute la presse parle du plan média. Le plan média est le commentaire du plan média. Et, éventuellement, le commentaire du commentaire du plan média. Comme il n'y a pas de mauvaise publicité, on peut même supposer que ce post générera au moins deux ou trois ventes. Mais là n'est pas mon propos.
   Je lisais ce matin un article dans le Figaro qui nous décrit la méthode Fixot. Et là, stupeur, que lis-je? Je pensais jusque-là et même jusqu'ici que Guillaume Musso était un écrivain, apprécié de son éditeur, un écrivain plus ou moins doué, peu importe, mais néanmoins un écrivain, avec ses recettes, plus ou moins finaudes mais fort efficaces. Eh bien non. Musso n'est pas écrivain. C'est son éditeur lui-même qui l'affirme, sans la moindre vergogne et même avec une certaine fierté:
 «Depuis trois ans, Guillaume Musso est le plus gros vendeur de romans en France.»
    Je ne savais pas qu'un écrivain pouvait être vendeur, sauf à travailler à la Fnac. C'est glaçant. Du coup, j'imaginais Musso dans une soirée, disons une vente de charité ou une réunion d'anciens élèves, l'ambiance est sympa, on boit du champomi, on commente le dernier concert de Linda Lemay, quand soudain quelqu'un se tourne vers Guillaume et lui demande ce qu'il fait dans la vie. "Euh, eh bien, comment dire… je suis gros vendeur." Regards gênés, toux salvatrice, heureusement on apporte le camembert. 
    Je me demande si un petit éditeur, un éditeur indépendant et discret, ne publiant que des livres où l'écriture s'avance en territoire inconnue, et procédant à de très prudents tirages assortis de fantomatiques mises en place, dirait d'un de ses auteurs les plus confidentiels: "Depuis douze ans, X est le plus petit vendeur de textes dans tout l'univers." Brrrrr…
    Nous sommes vendredi, alors n'hésitez pas: allez en librairie, buvez une bière en terrasse et livrez-vous en bonne compagnie à une succession de mouvements musculaires accompagnés d'une accélération du rythme cardiaque et du rythme respiratoire.

5 commentaires:

  1. Ah ! immanquablement cela me rappelle cette lettre adressée à M. Fixot il y aura bientôt cinq ans et hélas restée sans réponse : http://0z.fr/WtA87

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    1. le dit Musso (non relu) écrit :Juliette lança un bras aléatoire vers la table de nuit qui projeta le radio-réveil sur le sol.

      en fait il voulait dire
      Le sol projeta un bras de la table, qui réveilla Juliette de sa nuit aléatoire.

      mais cela se soldait par une quinzaine de caractères de moins

      de la littérature considérée comme une course de côte..... (en ces temps d'avant Paques, c'est un peu normal)

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  2. Pour le plus gros vendeur de roman de France, le rhinocéros ce n'est pas mal, mais je trouve que l'éléphant eut été plus approprié...

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  3. la question pourrait etre de se demander pourquoi les Museau ou Levis sont si vendus (question de temps de cerveau disponible ?)
    le chiffre des achats est à comparer avec celui des lectures
    combien avouent ne lire que 1 (ou moins) de livre par an ?
    il est vrai qu'à ce niveau, le problème n'est pas de vendre un livre à lire, mais tout simplement de vendre
    il suffit de voir l'engouement pour les 50 nuances de m...

    heureusement il reste (encore) des éditeurs qui font (bien) leur métier
    je reconnais que j'achète maintenant plus un éditeur qu'un auteur (on sait à peu près ce que l'on va lire), la découverte de l'auteur vient après
    bon je vais aller effectivement prendre une bière (quoique la bière de mars... on est en avril)

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  4. L'obésité est la qualité principale du vendeur. Ça rassure.

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