jeudi 17 avril 2014

Le naufrage des incipits (4)


Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. Comment savoir ? Là où je vis, nul calendrier, même pas une seule horloge. Au début, je gravais des traits parallèles sur le mur de ma cellule, mais ça n’a pas servi à grand-chose, j’ai vite perdu le compte. Et quand je me suis aperçu que ma mère ne respirait plus, il m’aurait été bien difficile de dire si elle avait rendu son dernier souffle le matin même ou deux jours plus tôt, tant l’odeur que nos corps exhalait dans cette geôle où nous croupissions depuis six mois rappelait celle d’un cadavre. Du moins, c’est ce qu’affirmait mon père, enchaîné à quelques mètres de moi.

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