Pourquoi écrit-on? Et aussi: comment? Et encore: à quoi bon? Ces questions, on le sent bien, sont tout sauf éternelles. Pas plus tard qu'hier, je suis tombé sur l'entretien qu'a donné un jeune écrivain à un magazine. Il venait de publier son premier roman, et le journaliste lui posait des questions indubitablement pertinentes. Par exemple, comment il en était venu à l'écriture. L'auteur, que nous appellerons Monsieur X, n'hésite pas:
"C’est en écrivant que j’ai eu l’idée d’un roman, d’en faire une histoire plus longue en étoffant les premiers textes car je les avais écrits sans but précis, comme cela venait ! Ce n’est qu’après avoir écrit tout le texte que je l’ai découpé en chapitres, que je l’ai structuré."
Vient ensuite cette étrange question: "Quel rapport avez-vous avec l’écriture ?" Je crois que je ne la comprends même pas. On a envie de répondre "sexuel" ou "de très bons rapports". Mais en fait non, c'est plus simple qu'on ne l'imagine:
"Écrire m’apporte une manière de m’échapper du quotidien, une liberté de parler de tout et de n’importe quoi, de choses réelles mais aussi imaginaires."
Ainsi recadré, le débat d'idées peut avancer et le journaliste passer aux choses sérieuses en posant au jeune auteur cette question fabuleuse: Quel message dans ce roman ? Pas "quel texto?", non, mais bien: quel message? L'auteur a dû réfléchir longtemps à cette question, car sa réponse, bien qu'à côté de la plaque, décale le débat vers quelque chose d'essentiel:
"C’est un parcours initiatique, le parcours philosophique d’une personne. Mais, en même temps c’est plein de légèreté, ce n’est ni lourd, ni pompeux et l’on se laisse prendre rapidement par l’histoire. Les personnages sont attachants, on apprend, aussi, sur soi-même, en le lisant."
Et l'avenir? Notre auteur y pense-t-il? A-t-il des projets?
"J’ai bien l’intention, si ce livre 'marche' de poursuivre dans cette direction."
Ah, Monsieur X, que tu as de la chance! Tu étoffes ton texte et il devient roman; tu t'échappes du quotidien, tu peux parler de tout et de n'importe quoi; ce que tu écris n'est ni lourd ni pompeux et en prime tu apprends des choses sur toi-même !!! Tu fais bien de poursuivre dans cette direction, car crois-moi, dans l'autre sens c'est le désert. Et dans le désert, comme tu ne le sais sans doute pas, personne ne t'entend écrire.
Bonjour, nous sommes mercredi et l'irréalité immédiate est une fois de plus au rendez-vous…