jeudi 12 septembre 2013

Moins de zéro

Un grand merci à la journaliste Charlotte Pudlowski qui, dans son article sur les écrivaillons français dopés au Bret Easton Ellis, paru sur le site de Slate, nous régale de deux extraits d'ouvrages récemment parus et qui tous figurent dans la sélection du prix de la Flore intestinale (me trompè-je ?). Le premier extrait est signé (colorié ?) Sacha Sperling, et provient de J'ai perdu tout ce que j'avais :
« Jane, j’espère te retrouver un jour à mi-chemin. Même si notre histoire était un terrain vague, et mon cœur, un mobile home. »
C. Pudlowski lui fait sans doute un peu trop d'honneur en comparant sa prose à celle de David Charvet, mais bon, n'ergotons pas.
Le second extrait est extirpé de Parce que tu me plais, de Fabien Prade – on remarquera au passage que nous avons là deux titres sous forme de phrase conjuguée, même si, on va le voir, la conjugaison ne semble pas être le point fort de ces deux ékri20 :
« Elle était assise à la table à côté de la nôtre, avec ce qui semblait être une copine. Et elle était sublime. Mais vraiment, sublime. Elle avait les traits d’une finesse incroyable, et la nuque parfaitement fine. […)] J’avais devant moi la perfection faite femme, l’idéal d’une vie. J’ai essayé d’accrocher son regard pendant de longues minutes, mais n’obtins rien. » 
Bon, je sais, et on me le répète assez souvent, ce genre de dézinguage-minute à coups de mini extraits relève de la pure méchanceté et de l'extrême mauvaise foi, deux qualités que tout le monde n'apprécient pas forcément. Mais n'empêche. C'est réjouissant. Ce n'est quand même pas tous les jours qu'on compare un cœur à une caravane ou qu'une nuque est parfaitement fine. On a presque l'impression que Prade et Sperling ont cosigné un seul ouvrage, intitulé modestement : J'ai perdu tout ce que j'avais parce que tu me plais. Quant au "tu" auquel ils s'adressent, ce ne peut être que la gloriole, la gloriole au cou fin, montée sur roues, qui n'existe que dans les rêves.

2 commentaires:

  1. Si! J'apprécie! Je me dis : ma fille, tu vas écrire un livre puis te mettre sur liste rouge pour que Claro ne l'apprenne jamais!

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  2. Merci pour cette belle leçon de prose. Je m'y mets sans attendre et vais ré-intituler tous mes putains de textes avec des verbes conjugués à l'imparfait: Waiting for Paddy's Return -> Quand l'autre saoulard de Mitch attendait ce connard de Paddy. Nocturamas -> Et dire qu'il y avait des gens sur terre qui rêvaient fin du monde. Notes, sans partitions -> C'était l'histoire d'un type qui pensait des vacheries sur la littérature et qu'aurait mieux fait de se taire... ce que je devrais faire ici-même, mais l'apéro a commencé plus tôt que prévu. Bien amicalement à tous. PUB: http://lapartdumythe.blogspot.fr/

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