Se pourrait-il, se demanda-t-il, trempé noyé roulé dans ses draps et les yeux aussi clos que des guichets en grève que rien ne saurait déciller, qu'une grande partie des livres qui désormais paraissent soient, en dépit de leur apparente noblesse dite de papier, des spams – des *spams* ! – d'un genre nouveau? Se pourrait-il que quelque part des éditeurs, contaminés par un virus d'un genre nouveau, aient cédé la place à d'anonymes plate-formes électroniquement insensibles et décidé d'inonder sans le moindre complexe ni remords le marché du livre non seulement d'ouvrages bâclés et/ou imparfaits mais carrément de livres-spams? Sans auteur? Dans la mesure – difficilement mesurable, bien sûr – où leurs auteurs eux-mêmes se seraient lentement et définitivement assimilés, par économie de sueur et goût du gain même petit, à des machines génératrices d'énoncés calibrés et, lassitude oblige, aléatoires? Se pourrait-il que ces rectangles confus et quasiment crasseux (tant l'encre y pisse dru et au hasard) ne soient, ô soulèvement des machines, que d'affreux petits produits recélant l'inepte placement d'autres produits tels que les sentiments calibrés, les dialogues archi-chiés, les descriptions Ikéa et les pensées infra-onfrayennes? Puis le réveil – ludique, salvateur – sonna et le Livres-Hebdo annonçant la rentrée littéraire 2013 glissa de sa courtepointe sur la moquette tel un cadavre essouflé retrouvant l'âpre plancher des vaches, des veaux et de leur généreuse pâture, le retour sur investissement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire