mardi 12 avril 2011

Tales from the Flaubert Factory

"Allons je dois je crois me reposer. Je vais, sinon, casser. Dans les beaux soirs, oui, c'est cela, dans les beaux soirs d'été, à l'heure où les rues tièdes sont vides, quand les servantes jouent au volant sur le seuil des portes, il ouvrait sa fenêtre et s'accoudait, et j'en profite pour être ces deux coudes et l'angle qu'ils forment sans douleur aucune sur le rebord par rapport à ce corps que je n'ai pas besoin d'occuper puisque ce n'est pas le mien, ici-là ce n'est pas le mien, en rien je ne suis lui pas plus qu'il n'est ou ne voudrait j'en suis sûr être moi, car je n'ai aucun coude à offrir, et sûrement pas deux coudes aussi purs, tracés à l'encre par Flaubert du fin fond puant de Rouen. En face, au-delà des toits, le grand ciel pur s'étendait, avec le soleil rouge se couchant, tandis que je me retiens de foncer tête baissée tête la première sur ce décor, ayant trop peur de le voir basculer en page qui tourne et derrière plus rien, ou d'autres pages."

(Extrait de Madman Bovary, qui vient d'être repris en Babel – roman publié pour la première fois par les éditions Verticales).

1 commentaire:

  1. La nouvelle en me lisant15 avril 2011 à 08:05

    Prescrivez-moi la lecture de Madman Bovary : voilà ce que j'aurais dû demander à ce drôle de docteur.

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