"Il semble que la célébration de Mme Ernaux soit devenue obligatoire en France." (Frédéric Beigbeder)
Mais non, Monsieur Beigbeder (puisque il faut apparemment se fendre d'un titre de civilité) la célébration d'Annie Ernaux n'est pas devenue 'obligatoire' ! La preuve: vous la descendez dans les colonnes du Figaro. Tout comme elle est descendue dans le dernier numéro de Transfuge par Oriane Jeancourt Galignani. Tout comme elle est descendue dans La Tribune de Genève par Marianne Grosjean. Tout comme elle est descendue par Jean-Christophe Buisson du Figaro-Magazine…
Ce qui est intéressant (hum, façon de parler), c'est la manière dont se déploie cette contre-célébration. Par exemple, Beigbeder joue la carte de l'ironie:
"Une suggestion à François Hollande: ouvrir le Panthéon aux vivants, spécialement pour Mme Ernaux."
Galignani, elle, imagine un mail d'une amie ouzbèke (?!) qui ne sait que répéter "Mais où est l'intérêt?". Quant à Grosjean, elle se contente de nous dire que le roman d'Ernaux "n’est ni mal écrit ni totalement indigne d’intérêt", mais qu'il "lui manque peut-être une certaine poésie". Elle préfère également désigner d'emblée Ernaux par le mot "une septuagénère" plutôt que par son nom, et estime que son livre "sent la naphtaline". J.-C. Buisson, lui, préfère traiter Ernaux douze fois de suite de "prétentieuse" et nous dire que "ce n'est pas de la littérature".
Rappelons que le dernier livre d'Ernaux, Mémoire de fille, raconte un viol. Mais c'était peut-être évident à la lecture de ce post.
Émission très dérangeante de "la Grande Libraire", que bien sûr vous n'avez pas regardée, mais où Mme Ernaux a succédé à... Roman Polanski. Nancy Huston, présente sur le plateau, avait l'air passablement énervée de cette succession "les hommes, puis les femmes."
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